Le chef de l'Etat a enfin annoncé ses réformes profondes, à commencer par la révision de la Constitution, la loi électorale, celle sur les partis, la loi sur les associations et le code de l'information, en insistant sur la dépénalisation du délit de presse. Il a également fait part de sa volonté de lancer de nouveaux programmes d'investissement à caractère économique et social. Le président Bouteflika a, enfin, parlé ! Après plus de trois mois d'ébullition sociopolitique, le chef de l'Etat a pris tout le monde de court, en enregistrant un discours télévisé à la veille de son déplacement à Tlemcen. Le chef de l'état annonce, enfin, ses réformes profondes, à commencer par la révision de la Constitution, la loi électorale, celle sur les partis, la loi sur les associations et le code de l'information. En somme, des mesures déjà suggérées par ses alliés, notamment le FLN. Le ton solennel, précédé par l'hymne national, la voix quelque peu étouffée, le président de la République a tenté de défendre ses réalisations, en rappelant que la décennie écoulée a été consacrée notamment au rétablissement de la paix et de la sécurité. Une fois cet objectif atteint, dira-t-il, l'Etat s'est attelé à effacer les traces de la destruction et rattraper les retards enregistrés en matière de développement local. À ce titre, il rappellera les deux plans quinquennaux réalisés et le troisième en cours d'exécution, tout comme il citera les mesures sociales, notamment la construction d'un million de logements durant le dernier quinquennat, le soutien aux produits alimentaires de première nécessité, tout comme il rappellera le remboursement de la dette extérieure du pays et son rôle sur la scène internationale. En somme, le président Bouteflika estime que ses réalisations parlent pour lui. Cependant, il reconnaît que tout ne va pas pour le mieux. À ce titre, il pointera du doigt la corruption, la bureaucratie, la persistance des crises de logement et de chômage. Même s'il promet un million de logements d'ici 2014, une lutte plus accrue contre la corruption, des mesures plus rigoureuses en vue de lutter contre la bureaucratie. À ce titre, il promet le lancement d'un large débat, au niveau local, durant cette année, en vue d'améliorer la gestion des affaires locales. Dans ce domaine, il annoncera la révision du code de la wilaya. Il demandera au gouvernement de mettre en place un programme ambitieux en vue d'encourager les entreprises et le climat d'investissement. Sur le plan politique, le président Bouteflika a commenté le vent de changement qui souffle sur le monde arabe, estimant que notre pays respecte la volonté des peuples arabes et refuse toute ingérence dans leurs affaires intérieures. Une façon, pour lui, de répondre aux chantres du changement, en Algérie. Pour lui, la majorité du peuple algérien est contre le changement brusque. Le président Bouteflika ira plus loin en déclarant que “la fitna est plus grave que le meurtre, et c'est au prix de sang et de larmes que l'Algérie demeure unie et forte, que la République et ses acquis démocratiques sont préservés et que l'espoir est à nouveau permis. Nul n'a donc le droit de réinstaller, d'une façon ou d'une autre, la peur dans les familles algériennes, inquiètes pour la sécurité de leurs enfants ou de leurs biens ou, plus grave encore, l'inquiétude de toute la nation sur l'avenir de l'Algérie, son unité, son indépendance et sa souveraineté nationale”. Une phrase à l'adresse des partis de l'opposition qui n'ont pas cessé d'appeler au changement de régime depuis le début du “printemps arabe”. Mais le président Bouteflika n'est pas resté insensible au vent du changement et annonce d'importantes mesures politiques, à commencer par la révision de la Constitution. Même s'il ne dit rien au sujet de la teneur de cette réforme, il affirme que c'est une commission composée de partis influents et de juristes qui s'en occupera, avant de proposer le texte, soit au Parlement, soit par voie référendaire. Le chef de l'Etat annonce également la révision de la loi électorale, de celle sur les partis et les associations, ainsi que le code de l'information qui connaîtra la dépénalisation du délit de presse. Mais il maintient l'audiovisuel sous la coupe de l'Etat. Le chef de l'Etat terminera son allocution de vingt minutes en lançant un appel à l'unité des Algériens qu'il veut impliquer dans les réformes promises. Le président Bouteflika ne dira aucun mot sur son appréciation de l'action du gouvernement, critiqué de toutes parts. Il ne fera aucune allusion aux multiples marches et protestations qui secouent le pays et qui ont atteint les murs de son bureau. Il se contente de défendre son bilan, d'annoncer ses réformes et d'appeler à l'union des Algériens, face aux dangers de l'ingérence étrangère, du retour de la peur et de l'instabilité.