Adaptée de l'œuvre éponyme du Polonais Slawomir Mrozek (l'Âge d'Homme,1998), la pièce a été jouée, jeudi et vendredi derniers, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, par la coopérative théâtrale Canevas de Bordj Bou-Arréridj. Le texte d'origine a été adapté par Smaïl Soufi sur une scénographie de Hamza Djaballah, alors que la mise en scène est signée par la Tunisienne Boutheïna Kthiri. S'inscrivant dans le théâtre de l'absurde, la trame de la pièce d'origine se déroule dans un vieux palace suisse, ayant pour personnage un rentier occidental et un portier émigré d'Europe de l'Est. Dans la nouvelle version, elle a lieu dans un hôtel français de moindre envergure. Les personnages sont Lefèvre (Sofiane Attiya), une ancienne star de théâtre dont l'étoile a cessé de briller, et Samir (Wael Bouzida), étudiant et réceptionniste algérien. Le hasard les réunit. Lefèvre se sent seul. Le besoin d'alcool le pousse à engager la conversation avec Samir. Sans argent, le locataire ne peut plus payer sa pension. Malade, il élabore un projet machiavélique : mourir. Les deux hommes passent un contrat. Sa finalité ? L'assassinat de l'un d'eux. Un duel s'ensuit. Celui de l'existence. Les vérités fusent, chacun raconte sa vie. Une crise existentialiste lie les deux antagonistes. Le premier est sur la paille, d'où l'envie d'en découdre avec la vie, le second vit mal l'éloignement, il a laissé famille et pays pour un avenir meilleur. Outre le rapport humain, c'est les liens entre l'Algérie et la France ainsi que les problèmes de l'émigration et d'intégration qui sont soulevés. Interprété dans un arabe châtié, le texte sortait de la bouche des deux comédiens comme une litanie. Une énergie dans le mouvement due à la mise en scène qui est sur l'effort physique et un sempiternel déplacement. Ce qui permettait le rebondissement. Toutefois, le manque d'intonation et de variations dans les voix réduisait le rythme de la pièce.