L'es étudiants du département de pharmacie ont finalement créé l'événement et tenté de sortir de la faculté centrale pour une marche vers le Palais du gouvernement. Mission impossible puisque toute la capitale était quadrillée. Ils ont été bloqués dans l'enceinte de l'université et empêchés de sortir. La marche prévue hier de la Grande-Poste n'a finalement pas eu lieu. Contrairement au 12 avril dernier, les étudiants n'étaient pas au rendez-vous. La raison ? Cette action, qui soulève moult interrogations, n'a pas été structurée par les coordinations et autres comités autonomes des étudiants. Aucun mouvement estudiantin et aucun étudiant ne savaient d'où l'appel a été lancé et surtout par qui. Les délégués des différents campus et ceux des grandes écoles que nous avons joints la veille de la marche se sont tous démarqués de cette surprenante action. “Nous ne sommes pas au courant et nous ne sommes pas les organisateurs”, ont-ils soutenu. Les membres de la Coordination nationale autonome des étudiants, qui ont organisé la marche du 12 avril, étaient en déplacement pour une rencontre à Chlef. Les différents délégués des universités et des grandes écoles étaient, quant à eux, soit en plein examen, soit en concertation pour voir justement la suite à donner au mouvement de grève que certains établissements maintiennent toujours. Comme nous l'a dit un des délégués :“Nos regards étaient beaucoup plus braqués vers la wilaya de Chlef. On guettait le communiqué et les instructions de la Coordination nationale autonome des étudiants.” La réussite de la marche du 12 avril a quelque part plébiscité la Cnae et on a été l'un des principaux acteurs du mouvement estudiantin. En un mot, les délégués officiels des étudiants n'étaient pas derrière l'appel à cette manifestation. Ils en ont entendu parler certes comme pratiquement toutes les universités d'Alger mais sans savoir qui était réellement derrière. Evidemment, chacun allait de son propre commentaire. Certains accusaient les organisations satellitaires, d'autres des mouvements estudiantins qui n'ont pas réussi à se positionner sur le terrain de la contestation estudiantine et d'autres n'hésitaient pas à parler de probable manipulation sans identifier clairement ceux qui y sont derrière et pour quelles raisons ? Il est vrai que depuis que les étudiants ont multiplié les démonstrations de force sur le terrain, ils ont attiré les convoitises. La réussite de la marche du 12 avril n'a fait qu'augmenter les appétits. Mais quelles que soient les raisons et autres motivations de ceux qui tentent de récupérer le mouvement estudiantin, les étudiants n'ont pas mordu à l'hameçon et n'ont pas été au rendez-vous anonyme. Et les organisateurs invisibles étaient également les grands absents à la Grande-Poste d'où devait s'ébranler la marche vers le Palais de gouvernement. Les nombreux présents n'étaient autres que les forces de sécurité et les médias. En effet, un impressionnant dispositif sécuritaire a été mis sur place dès les premières heures de la matinée. À 8h30, toute la capitale était quadrillée. Les grands boulevards, les ruelles et les moindres petits raccourcis et issus étaient sécurisés. Les forces antiémeutes étaient en retrait au niveau du boulevard Mohammed-V et le tunnel des facultés. Les policiers étaient partout. En un mot, Alger, El-Mouradia et les principaux itinéraires y menant étaient assiégés. L'attente des semblants organisateurs de la marche aura duré toute la matinée. Les policiers et les journalistes faisaient la navette entre la Grande-Poste et la faculté centrale où l'on redoutait les conclusions de l'assemblée générale des étudiants du département de pharmacie. Ce sont ces derniers qui finalement créeront l'événement et affichent ouvertement leur mécontentement. Les étudiants en pharmacie ont, en effet, décidé d'improviser une nouvelle marche vers le Palais du gouvernement. Mais cette fois-ci, la mission était impossible. Les agents de sécurité de la faculté centrale s'empressent de fermer tous les portails. Etudiants et employés ne pouvaient ni rentrer ni sortir. Il a fallu qu'une dame enceinte rouspète pour que l'accès soit ouvert pour quelques minutes. L'université d'Alger était une fois de plus bloquée par le mouvement de contestation des étudiants en pharmacie qui scandaient à tue-tête : “Nous voulons des engagements écrits pas des promesses en l'air” ; “quelle honte ! Les étudiants assiégés” ou encore “nous n'avons pas peur. Nous n'avons pas besoin de policiers nous sommes civilisés”. Après deux longues heures, les étudiants ont décidé de mettre fin à leur action en promettant de ne pas faire baisser la pression jusqu'à ce que les engagements du ministre soient concrétisés par un écrit officiel. Un foyer de tension de moins pour la journée. Mais le dispositif sécuritaire était toujours en place et n'était pas près d'être levé, nous dit-on.