La stratégie entriste des Frères musulmans pourrait bien être payante, si l'on prend en compte, d'une part, le soutien des Occidentaux et, d'autre part, l'affaiblissement des courants porteurs de projets de progrès et de modernité. S'il y a une mouvance pour qui le “printemps arabe” sourit bien, c'est bien celle des Frères musulmans. Telle une symphonie bien exécutée, les révoltes qui secouent le monde arabe tendent toutes les bras aux Frères musulmans. Que ce soit en Tunisie, où Ghannouchi est en train de prendre sa revanche, ou en Egypte, où les “frères” sont en train de mener le bal, ou ailleurs, la feuille de route américaine pour le monde arabe semble se dessiner : changer les régimes honnis, en essayant la démocratie des “frères”, comme si le monde arabe était incapable d'avoir une démocratie tout court ! La montée au créneau du “frère” Abou Djerra Soltani laisse présager une redistribution des cartes au sein du sérail. Seul membre de la coalition présidentielle à trouver que le discours du président Bouteflika ne répondait pas totalement aux attentes et qu'il manquait de clarifications, le leader du MSP est contre ses deux alliés concernant la nature du régime à venir. Lui est pour un régime parlementaire, alors que ses alliés penchent pour un régime présidentiel. Mais, au-delà de ces divergences, somme toute conjoncturelles, le leader du MSP semble placer la barre très haut en prévision des changements à venir, en se plaçant un cran au-dessus de ses alliés, laissés pour de simples appareils et, donc, co-responsables des échecs successifs. La stratégie entriste des Frères musulmans pourrait bien être payante, si l'on prend en compte, d'une part, le soutien des Occidentaux et, d'autre part, l'affaiblissement des courants porteurs de projets de progrès et de modernité. Le MSP semble avoir senti le vent tourner en sa faveur et son heure venue. Lui qui a toujours su manier l'art de soutenir et critiquer en même temps, lui qui s'était contenté de strapontins au début de son intrusion en politique. L'Algérie, qui avait tenté de “domestiquer” les islamistes, au moment où elle s'ouvrait au pluralisme politique, a payé un lourd tribut, pour elle et pour l'ensemble du monde musulman. Pourrait-elle se permettre, aujourd'hui, le luxe de réessayer la formule, avec des slogans différents ? Et avec la bénédiction de l'Occident ?