Ils étaient environ 3 000 personnes au total à prendre part à ces deux marches qui se sont ébranlées au même moment. La ville de Tizi Ouzou a encore une fois refilé, hier, son costume des rendez-vous avec l'histoire pour célébrer le 31e anniversaire du Printemps berbère d'Avril 1980, cette date qui constitue, encore aujourd'hui, un des plus importants repères du combat pour la démocratie, l'identité berbère et la langue amazighe. Exactement comme l'année dernière, la ville des Genêts a vibré au rythme de deux marches, distinctes, mais toutes les deux aux couleurs du printemps et au parfum de contestation, organisées, pour la première, par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, MAK, et pour la seconde, par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Ils étaient environ 3 000 personnes au total à prendre part à ces deux marches qui se sont ébranlées au même moment, à 11h, et de l'endroit habituel qu'est l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Dans une ambiance moins électrique que celle qui a marqué la célébration de cette même date l'année dernière, les deux processions humaines ont emprunté la montée donnant sur le stade du 1er-Novembre pour ensuite suivre la rue Lamali-Ahmed, longeant le CHU Nedir-Mohamed, tout en scandant, des slogans en faveur d'un changement radical du système et pour l'officialisation de la langue amazighe. Si les militants du MAK n'ont cessé, au fil de la marche, de scander leur principale revendication qu'est l'autonomie de la Kabylie, ceux de la CNCD ont repris leurs slogans devenus familiers : “Bouteflika, Toufik dégagez !”, “Plus que jamais déterminés pour un véritable changement”, “système dégage, le peuple s'engage”, ou encore “Halte à l'antikabylisme”. Toutefois, l'esprit d'Avril 80 était là pour unir les deux camps à travers la revendication de l'officialisation de tamazigh, cette revendication portée par plusieurs générations de militants et qui continue, bien que dans la divergence, à constituer le moteur de la lutte pour la démocratie. Ce n'est qu'en arrivant au premier rond-point, baptisé place des Martyrs depuis les événements de Kabylie de 2001-2002, que la procession humaine s'est scindée en deux. Celle du MAK empruntant la rue Abane-Ramdane pour se diriger vers l'ancien siège de la mairie, au centre-ville, alors que celle de la CNCD, dont des députés et des militants du RCD, du MDS et du PLD, bifurquant sur la rue Rabia-Ali longeant la maison de la culture Mouloud-Mammeri devant laquelle les marcheurs scandent, entre autres, à gorge déployée “Maison de la tchipa” et “Echâab yourid iskat enidham”. Arrivés devant l'ancienne mairie, des représentants du MAK prennent la parole pour lire un message du leader du mouvement, Ferhat M'henni, qui a mis l'accent sur le courage et la bravoure qui demeurent “les ressorts éternels de cette résistance légendaire kabyle qui suscite respect et admiration”. Pendant ce temps, les militants de la CNCD se sont séparés dans le calme après avoir scandé plusieurs fois “Pouvoir assassin”, “Bouteflika, Ouyahia barra”, devant l'entrée officielle du siège de la wilaya.