Affaibli, la voix éteinte et le geste lent. C'est cette image qu'ont retenue les Algériens de la dernière sortie du Président, le 15 avril, après un long silence. Une image qui a encouragé les doutes de l'opposition sur sa santé et qui n'a pas tardé à briser le tabou. Me Ali Yahia Abdenour n'a pas hésité à interpeller l'armée sur la question de la santé du président Bouteflika lui demandant d'intervenir pour l'application de l'article 88 de la Constitution relatif au cas de figure sur l'incapacité du chef de l'état à gérer. La problématique, nourrie par les énigmatiques absences du Président, a donné un argument supplémentaire à l'opposition pour mettre davantage de pression alors que la rue algérienne est en constante ébullition depuis le début du mois de janvier. Dans l'entourage du Président et de l'Alliance présidentielle, le black-out est de mise. La température est maintenue comme au début, à l'apparition de sa maladie. Les algériens en seront à peine informés par le biais de Jean-Pierre Raffarin, qui a rapporté ses propos sur son état de santé en disant qu'il “se porte bien”. Tout comme l'avait fait cheb Mami ou Belkhadem qui lui avaient rendu visite au Val-de-Grâce. Les questionnements ne surviennent, cependant, qu'après la première année de son troisième mandat. “J'ai la conviction, mais pas la force”, avait-il confié à M. Raffarin. Publiquement, cet aspect sera sciemment occulté. Toutefois, si l'opposition estime tenir dans cette situation et surtout dans l'image qu'il a montrée le 15 avril dernier, une raison suffisante pour réclamer son départ, du côté de l'Alliance, le silence habituel est entretenu ou forcé à l'adopter comme mode de réaction et une prise de position, trio de partis qui s'est mis sans exclusive au service du Président. Toutes nos tentatives pour les joindre n'ont pas abouti. Exception faite du MSP qui a répondu sans pour autant oser évoquer le sujet. “Nous n'avons pas pour habitude de commenter les déclarations des autres”, a indiqué M. Djemâa, porte-parole du parti qui précise que “le parti ne partage pas cette position”. Il a considéré qu'il s'agit d'une position de l'opposition radicale (incarnée par Me Ali Yahia Abdenour). Et libre à elle de se positionner comme elle l'entend. “Nous n'avons pas de position”, dit-il, soulignant cependant que “Bouteflika est le président en exercice”. C'est quasiment un non-événement pour le MSP qui ne voit “rien de nouveau”. Pourtant, le parti de Soltani, qui a bien pris ses distance vis-à-vis de ses partenaires de l'Alliance présidentielle, a menacé de se retirer et est allé encore plus loin pour retirer son soutien au président de la République dans le cas où il ne tiendrait pas compte de ses propositions pour la révision constitutionnelle qu'il a annoncée. Le FLN et le RND sont restés toute la journée aux abonnés absents. Le PT également, mais il avait l'excuse d'une réunion.