La prévalence nationale du glaucome, une maladie évoluant en cécité, se situe à hauteur de 4,6% de la population à risque. Ainsi, quelque 500 000 Algériens sont affectés par cette pathologie. La population du sud du pays est particulièrement exposée. Le glaucome est la deuxième cause de cécité, en Algérie, après la cataracte et, juste avant, le diabète. Pourtant, la maladie, asymptomatique à ses débuts, demeure sous-diagnostiquée. Deux professeurs en ophtalmologie, Mohamed Tahar Nouri, chef de service de cette spécialité au CHU Béni-Messous, également président de l'Association algérienne de lutte contre la cécité, et Rachid Garout, exerçant à l'Hôpital central de l'armée, ont animé, dimanche après-midi à El-Oued, sur invitation du laboratoire américain MSD, des conférences didactiques pour sensibiliser sur l'impératif de dépister précocement cette maladie particulièrement fréquente chez la population établie dans les régions du sud du pays. Selon une étude récente, réalisée à Oued Souf par une équipe de la Société algérienne de glaucome, 34% des résidents prédisposés de cette ville sont glaucomateux. 55% des cas ont été dépistés au cours de cette enquête. Ce n'est là que les résultats préliminaires de ce travail, dont les promoteurs n'ont pas encore rendu publiques des informations plus détaillées. La pigmentation de la peau serait, à ce titre, un facteur à risque. La prévalence du glaucome à angle ouvert est multipliée par 6,6 chez la race noire par rapport à la race blanche, a démontré une enquête américaine, exposée par le Pr Nouri. La consanguinité, les antécédents familiaux, la myopie et surtout l'âge (la menace augmente au fil des années après la quarantaine) sont aussi incriminés dans l'apparition de cette maladie oculaire. Une enquête épidémiologique nationale, menée en 2009 sur un échantillon de 20 200 ménages et 28 280 personnes âgées de plus de 40 ans, a donné, d'après le Pr Nouri, une indication sur la prévalence du glaucome dans notre pays. Elle se situe à hauteur de 4,6% de la population à risque. Ainsi, quelque 500 000 Algériens sont affectés par cette pathologie. Son incidence est de 3,4% dans les villes de l'Ouest, 3,9% à l'Est, 5,5% au Centre, mais atteint le pic de 8% dans le sud de l'Algérie. “Pour cette raison, nous voulons réaliser des enquêtes spécifiques au Sud pour affiner ces résultats”, a suggéré le président de l'Association algérienne de lutte contre la cécité. D'autant que le tiers des glaucomateux ignorent être atteints par ce mal. Ils échappent, de ce fait, au traitement jusqu'à perdre irrémédiablement la vue. Le Pr Rachid Garout a axé son intervention sur les dangers de la pression intraoculaire (PIO), dont son impact aggravant du glaucome. “Quel que soit le type de glaucome, il existe une relation dose-dépendant entre la réduction de la pression intraoculaire et la conservation du champ visuel”, a expliqué le praticien. Il a recommandé sa prise en charge thérapeutique, sérieuse et régulière. “La PIO cible est un concept utile dans la gestion du patient glaucomateux”. Il a précisé qu'il faut procéder à l'exploration du champ visuel, au moins cinq fois, pour déterminer le stade de la maladie. “Malheureusement, aucune n'est remboursée par la Cnas”, a indiqué son confrère du CHU Béni-Messous. “Nous nous battons pour que le glaucome soit considéré comme une maladie chronique”, a-t-il ajouté. Le Pr Nouri est passé aussitôt au chapitre du traitement, dont le choix doit être dicté, de son avis, par “des exigences d'efficacité et de tolérance”. Il a fait l'apologie de la bithérapie, qui simplifie, a-t-il expliqué, le traitement et induit, par ricochet, une meilleure observance. Il s'est positionné en faveur de la combinaison fixe (association de deux molécules dans un seul produit), une fois que la monothérapie, prescrite en première intention, ne donne plus de résultats probants sur le ralentissement de la progression de la maladie et la qualité de vie. Bien entendu, il a évoqué le Cosopt, médicament de MSD, qu'il a qualifié de “première combinaison fixe de nouvelle génération”. Six molécules différentes de combinaison fixe sont disponibles sur le marché national.