Pour faire face à la grogne sociale, le gouvernement a recouru à l'augmentation des dépenses publiques. En 2011, la Journée internationale du travail prend un relief particulier dans un monde en grande mutation, marqué par les répercussions de la crise financière. En Algérie, le 1er Mai 2011 se déroule dans un contexte particulier, de tension sociale assez forte liée aux préoccupations des salariés en matière d'emploi, de salaires et de conditions de travail. On notera que les mouvements sociaux interviennent à un moment crucial pour le pays où la “révolution” dans les pays arabes, en particulier en Tunisie et en Egypte est suivie de très près par la population et où le risque de contagion n'est pas à écarter. Mais, il est difficile aussi de faire abstraction du fait que la Fête internationale des travailleurs est célébrée au lendemain de la levée de l'état d'urgence, laquelle a généré notamment des promesses de “changements imminents et globaux” et suscité des appels de partis politiques et d'associations à des marches pour réclamer “le changement”. Dernièrement, Ahmed Ouyahia, qui porte la double casquette de Premier ministre et de secrétaire général du RND, a reconnu que l'Algérie traversait des “crises sociales”. Il a également admis que notre pays connaissait “une crise sociale et non politique”, en accusant cette fois des partis politiques de l'opposition de “transposer les tensions sociales sur le terrain politique”. Sur un autre plan, M. Ouyahia a été intraitable sur la question relative à la réunion de la tripartite gouvernement-UGTA-patronat qui, selon lui, interviendra “en temps voulu”, puisqu'il n'y a aucune “urgence” pour le moment. De l'avis de certains observateurs, ces aveux traduiraient “une impasse de l'actuelle politique socioéconomique et l'absence d'une vision stratégique concernant des segments porteurs de croissance durable”. Dans les faits, le gouvernement a opté pour “la paix sociale” pour faire face à la grogne sociale, en recourant à l'augmentation des dépenses publiques. En effet, la loi de finances complémentaire pour l'année 2011 (LFC 2011) prendra en charge les dépenses complémentaires qui seront versées en application des mesures prises, le 22 février dernier, par le Conseil des ministres, en plus des conséquences financières faisant suite à la signature des statuts particuliers de différents secteurs d'activité, dont ceux de la santé et des finances. Dans une interview accordée dernièrement à l'agence APS, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a révélé que la LFC 2011 s'inscrit dans “un contexte économicosocial caractérisé par la hausse à l'international des prix des différents produits et par la mise en œuvre des différents statuts professionnels des secteurs”. Selon le ministre, la LFC 2011 “vient apporter des correctifs à des décisions exceptionnelles qui seront prises durant un exercice donné” et portera sur les mesures visant la pérennité de “l'aide de l'Etat qui subventionne une large partie des produits de consommation et qui prend en charge les dépenses liées à la création et au maintien de l'emploi”. En d'autres termes, il sera question de “soutien des prix à la consommation de plusieurs produits vitaux pour la vie quotidienne des citoyens par la baisse de la pression fiscale et la facilitation de l'impôt”. Mais, face à la démarche de l'Etat qui ne lésine plus sur les moyens financiers, c'est tout le monde qui veut profiter de cette générosité, pour satisfaire les revendications relevant notamment des salaires, des indemnités et des primes.