Le front social bouillonne en Algérie depuis le début de l'année en cours. En effet, depuis les émeutes du début janvier, une série de grèves a été initiée dans tout le pays, touchant différents secteurs. Outre l'enseignement supérieur, l'éducation et la santé (médecins résidents, médecins spécialistes, paramédicaux), d'autres corporations sont également en effervescence. Le mouvement de débrayages a aussi touché des secteurs habituellement peu frondeurs comme celui de la justice, avec un mouvement des greffiers, et ceux des agents municipaux et des gardes communaux. Même les chômeurs, les cheminots et le secteur du commerce relevant de la Direction générale du contrôle économique et de la répression des fraudes (DGCERF), ainsi que celui des médias publics (radio et presse écrite) et le secteur névralgique par excellence des hydrocarbures (zones pétrolières et gazières du sud du pays) se sont mis de la partie. Le mois d'avril, à lui seul, a enregistré plusieurs grèves, notamment dans les secteurs de la Fonction publique, de la poste, des technologies de l'information et de la communication (débrayage à Algérie Poste), et de la pêche, chez les auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation (de Bouira) et chez les postiers de six wilayas de l'est du pays (Annaba, Souk-Ahras, Guelma, El-Tarf, Tébessa et Skikda). Sur la longue liste des revendications figurent, en premier lieu, l'augmentation des salaires et des primes, la révision du régime indemnitaire, la promulgation de statuts particuliers adéquats, le droit à la formation, la promotion dans la carrière professionnelle, l'amélioration des conditions de travail et le respect du libre exercice syndical. Dans l'éducation, la fin du monopole de la gestion des œuvres sociales par l'UGTA représente également une des revendications des contestataires. À peine une grève est arrêtée qu'une autre s'annonce. Les syndicats, essentiellement ceux dits autonomes, ne semblent pas avoir enterré la hache de guerre. La grève annoncée dans le secteur de l'éducation nationale, à partir du 26 avril dernier, à l'initiative des trois syndicats (Snapest, Cnapest et Unpef), a seulement été gelée sous prétexte que le ministre de tutelle s'est engagé à prendre en charge toutes leurs revendications. Par ailleurs, un appel à la grève dans le secteur des médias (public et privé) a été lancé pour le 3 mai prochain. Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSS) menace également d'un débrayage en mai si ses revendications ne sont pas satisfaites.