Un concours de scénarios qui aboutit à la sélection de huit. Quatre ont été finalisés. Le cinquième en montage, le reste suivra. Une aventure cinématographique est née. Une nouvelle vague de réalisateurs émerge. Quatre courts-métrages du projet “Alger demain, les films” ont été projetés jeudi, à 18h, à la cinémathèque algérienne d'Alger, en présence du producteur Yacine Bouaziz (Thala Films) et de trois des réalisateurs : Raouf Benia, Amin Sidi-Boumediene et Zakaria Saïdani. Cette avant-première a été organisée avec le concours de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc). Ces films, des drames sociaux, font partie des huit sélectionnés sur la base d'un concours de scénarios lancé durant l'été 2010 par Thala Films, ayant pour thème Alger, et visant à faire émerger de nouveaux talents dans le paysage cinématographique en Algérie. Cette opération a été parrainée par Lyes Salem, et a vu la participation d'une cinquantaine de professionnels du 7e art algérien dont Aïda Guechoud, Bahia Rachedi, Sofia Kouinef, Nadjib Gamache, Nabil Asli, Khaled Benaïssa… Un jour à Alger, de Raouf Benia, raconte une journée dans la vie de Hakim. Une journée oscillant entre rêve et réalité. Un décalage, voire un déphasage. Cet Algérois aspire à une vie meilleure où les problèmes n'existent plus. Il est vite rattrapé par l'amère réalité qui compose son quotidien. Un cauchemar qui le colle comme son ombre. Dans Procrastination d'Etienne Kaleb, c'est le tiraillement entre “faire et ne pas faire”. Ce court-métrage met en avant un sentiment de doute, de recul. Hanté par son histoire avec Mina, Azzedine est entre le marteau et l'enclume : l'appeler ou non. Il souffre de la pathologie de “remettre à demain ce que l'on peut faire aujourd'hui”. C'est un combat entre lui et son téléphone portable, qui lui sert de prétexte. Quant à Alger demain ?, le réalisateur Amin Sidi-Boumediene s'interroge sur l'avenir de la jeunesse dans Alger de la fin des années 1980, précisément à la veille de 5 octobre 1988. Trois jeunes dans leur quartier discutent du départ imminent de leur ami. Ce dernier part en silence, ne disant pas au-revoir à sa bande d'amis. Ce départ est le signe d'un lendemain différent, d'une Algérie que beaucoup ont quitté et ne reconnaissent pas après leur retour. Enfin, le dernier film, Un homme, face miroir de Zakaria Saïdani, plonge le spectateur dans une spirale schizophrénique. Un jeune étudiant n'arrive pas à se remettre de sa rupture d'avec sa petite amie. C'est la descente aux enfers. Une nostalgie qui frise le cauchemar au point où il perd la raison. Une reconstitution basée sur le flash-back d'une histoire qui n'est peut-être pas la sienne. À travers ces films, ce sont quatre visions cinématographiques différentes, et quatre manières de travailler, d'approcher la caméra. Chacun des réalisateurs a exprimé via l'image son rapport avec Alger et sa vision de la vie dans cette ville. Même si quelques défaillances au niveau du cadrage ou du montage, la qualité technique des films et le savoir-faire de ces jeunes cinéastes demeurent de bonne facture. Certes, il y avait de bons et de moyens films, mais pas de mauvais. Une tentative que l'on peut qualifier de réussite, vu la variété des thèmes, de l'approche ainsi que de la conception. Ils étaient courts mais intenses.