L'Algérie compte aujourd'hui quelque 3,5 millions de personnes âgées, soit 7,5% de la population, ce qui représente un vieillissement de la pyramide des âges dans le pays, avec toutes les conséquences que l'on peut anticiper d'ores et déjà. C'est probablement en matière de santé, de prise en charge sociale et donc, d'une manière générale, de protection des personnes âgées que vont se dessiner les futurs contours de la politique du ministère de la Santé et du secrétariat chargé de la Famille. Compte tenu de ces aspects, le corps médical a pris sur lui d'interpeller les autorités pour œuvrer à des modifications de la loi relative à la protection des personnes âgées, notamment celles souffrant de la maladie d'alzheimer. En effet, l'Association des neurologues libéraux de l'Ouest a récemment proposé la création d'un groupe d'experts composé de neurologues et de juristes, afin de travailler sur les aspects relatif à la protection des malades atteints d'alzheimer, comme nous l'a expliqué le Dr Bengamra : “La protection de ces malades est aujourd'hui importante et nécessaire en raison de la spécificité de cette maladie, et tout ce que cela suppose comme problèmes pour eux, leur entourage et la société en générale. Nous souhaitons qu'un groupe d'experts soit mis en place pour réfléchir aux modifications à introduire dans le cadre de la protection juridique des malades atteints d'alzheimer et des personnes âgées ; ce groupe œuvrera aussi à promouvoir les associations des parents des malades.” Pour l'heure, les dispositions juridiques existantes sont d'ordre général lorsqu'il s'agit de protéger une personne déclarée incapable : sauvegarde dans le cas d'incapacité majeure, ou encore les articles relatifs à la curatelle, la tutelle, autant de disposition qui prennent encore en compte la gestion des biens de la personne déclarée inapte. Ce qui pousse les neurologues à demander une évolution des textes, c'est la spécificité de la maladie d'alzheimer qui est évolutive, dégénérative se traduisant par une altération progressive de la mémoire à court terme et procédurale, une déficience intellectuelle avec des troubles qui vont en augmentant et qui touchent aussi bien le langage, l'audition, l'appréhension de l'espace et du temps, et surtout des troubles comportementaux sur l'orientation et les relations sociales. Avec quelque 100 000 personnes atteintes d'alzheimer en Algérie, chiffre sous-évalué selon les professionnels, cette maladie va de plus en plus s'affirmer comme un problème de santé publique, s'entendent à dire les neurologues. Ainsi, parmi les autres propositions de l'Association des neurologues de l'Ouest, on retrouve des points concernant le développement de soins infirmiers à domicile, les services de garde à domicile, la création de structures pour la prise en charge sociale des malades avec la Cnas, en pointe de ces mesures. Il est également question de la mise en place d'un plan national de la maladie d'alzheimer qui permettra d'avoir plus de données épidémiologiques sur cette maladie. Et il y a urgence, selon les spécialistes.