À vocation agricole, la wilaya de Mascara occupe, sur le plan national, une place de choix en matière de production céréalière, grâce aux surfaces utiles des terres labourables, à la fertilité des sols et à la disponibilité d'une main-d'œuvre qualifiée. Si la saison agricole de l'année dernière a enregistré une production exceptionnelle caractérisée par une récolte et un taux de rendement à l'hectare sans précédent, les donnes sont inversées pour la campagne de cette saison puisque tous les signaux clignotent au rouge. Ainsi, le premier paramètre et non des moindres a trait à l'absence de la pluie puisque la région n'a point enregistré de chutes entre le début de janvier et le 20 avril derniers. Au contraire, c'est la chaleur qui s'est installée au moment où les récoltes avaient un besoin pressant d'eau. En effet, les tiges sont certes remontées à la surface, mais les grappes sont demeurées vides de grains, ce qui décourage les agriculteurs qui s'attendent au pire. Pourtant, la troisième décade du mois d'avril a été marquée par de très fortes précipitations, mais ces eaux pluviales se sont avérées plus utiles à l'alimentation en eau potable, à l'arboriculture, au remplissage des barrages et au relèvement du niveau des nappes phréatiques qu'aux récoltes céréalières. Gagnés par le découragement, certains producteurs n'ont pas hésité à laisser pénétrer dans leurs champs leurs troupeaux, compensant ainsi l'absence de récoltes céréalières par la disponibilité des herbes. “J'ai investi sur deux hectares, une superficie que j'ai labourée, ensemencée puis entretenue par un travail spécifique, mais la volonté divine en a décidé autrement en privant les récoltes de mûrir, car c'est la phase finale qui a souffert de l'absence des eaux pluviales”, nous dit hadj Abdelkader, un agriculteur de la région de Mascara. Plus chanceux, Kaddour, la quarantaine, nous a confié : “En l'absence de chutes de pluie, j'ai eu recours à l'irrigation par aspersion afin de sauver les 4 hectares de blé que j'ai cultivés, car j'ai la chance de disposer d'un puits sur mes terres agricoles. Certes, ce sont des dépenses supplémentaires, mais mieux vaut cette option que la perte sèche.” Au niveau de la direction des services agricoles, les avis sont partagés avec, d'un côté, des optimistes qui spéculent sur une récolte moyenne et, de l'autre, des pessimistes qui brossent un tableau bien noirci pour résumer la situation des récoltes céréalières dans certaines régions relevant de la wilaya de Mascara, appuyant leurs arguments par le manque des eaux pluviales, notamment au cours des mois de février et de mars, soit la période cruciale pour les récoltes.