La pression exercée sur les grévistes de la capitale est telle qu'un appel a été lancé aux collègues des autres wilayas pour un rassemblement et une réunion à Alger en vue de décider des suites à donner au mouvement de protestation. Après un début plutôt timide mardi, la grève des greffiers a paralysé jeudi toutes les juridictions de la capitale en particulier et celles du territoire national en général. Seul un service minimum était assuré pour la tenue des audiences, l'enregistrement des appels et pourvois en cassation la veille de l'expiration du délai légal et la délivrance des permis d'inhumer. Le fait que la Coordination nationale des fonctionnaires de la justice ait décidé finalement de rendre public un communiqué dans lequel elle appelle à la grève a encouragé les greffiers à suivre le mouvement. Au départ, la coordination a proposé un débrayage spontané et anonyme comme ce fut le cas lors de la contestation qui a duré huit jours et qui a abouti à l'ouverture des négociations avec la tutelle. Mais de nombreux fonctionnaires de ce corps lui ont reproché cela et ont insisté pour un appel émanant de la coordination pour qu'il ait plus d'écho. Et ce fut le cas. Le large suivi du mouvement de débrayage a évidemment paralysé les activités des cours et des tribunaux du pays, et ce, en dépit des innombrables pressions et intimidations exercées sur les grévistes. En effet, les greffiers ont vécu jeudi une journée très particulière marquée par une forte pression de leurs administrations respectives. À en croire les greffiers, l'administration est allée jusqu'à menacer de radiation et de poursuites judiciaires tous ceux qui refusent de rejoindre leur poste de travail. “Certains ont été contraints sous la menace verbale et de radiation de signer des décisions de reprise du travail. Le représentant d'Alger a été enfermé dans son bureau pour faire répandre des rumeurs d'appel à la reprise du travail”, rapporte un greffier. L'administration a, également, tenté de remettre en cause le communiqué de la Coordination nationale des fonctionnaires de la justice, affirmant aux grévistes que “c'est une structure qui n'est pas reconnue et donc la grève est illégale”. “La tutelle ne reconnaît pas du tout votre coordination et ne vous reconnaît pas. C'est quoi cette coordination, vous vous prenez pour qui ? nous ont lancé les procureurs généraux et les présidents de cour sur un ton menaçant”, ajoutent les greffiers. La pression et les intimidations étaient telles que les greffiers d'Alger ont lancé “un appel pressant à tous les greffiers des autres wilayas pour venir dans la capitale les soutenir”. Les délégués des greffiers du territoire national sont invités à une réunion pour décider des suites à donner à leur mouvement. Des actions d'envergure seront discutées.