Yasser Arafat aura du mal à faire face à la crise politique qui secoue l'autorité palestinienne. La démission surprise de Ahmed Qoreï, non encore confirmée par la présidence de l'autorité palestinienne, vient affaiblir davantage le président palestinien sur la scène internationale, car elle intervient au moment où ce dernier est pressé par la communauté internationale de former rapidement un gouvernement. En effet, le leader de l'OLP vient de subir un nouvel échec dans la constitution d'un cabinet palestinien à même de mener les négociations de paix avec Israël, du moment que l'Etat hébreu refuse tout contact direct avec lui. Ceci est considéré comme une perte de temps dans la mise en œuvre de la “feuille de route” du quartette international, qui prévoit la création d'un Etat palestinien d'ici l'année 2005. Rien, cependant, ne présageait d'une démission du nouveau Chef du gouvernement, du moment que ce dernier fait partie des hommes de confiance de Yasser Arafat et qu'il a pris tout son temps avant de donner son accord. Il semblerait que la véritable raison de cette remise de tablier, non confirmée par la présidence palestinienne, serait un différend entre les deux dirigeants au sujet du général Nasser Nassef, le nouveau ministre de l'Intérieur. Le patron du Fatah aurait décidé de son limogeage, refusant de mettre sous sa responsabilité les services de sécurité palestiniens. En somme, la pomme de discorde entre Yasser Arafat et Mahmoud Abbas, en l'occurrence le contrôle des services de sécurité, revient sur la table et provoque la scission entre le président de l'autorité palestinienne et son homme de confiance. Ainsi, le chef de l'OLP n'est nullement disposé à confier à qui que ce soit la responsabilité de la sécurité palestinienne, provoquant la colère des Israéliens, dont c'est la principale exigence pour poursuivre les négociations de paix dans le cadre de la mise en œuvre de la “feuille de route”. Ces derniers développements sur la scène proche-orientale ne sont guère favorables à Arafat qui avait fait l'objet de nombreuses et virulentes critiques d'une partie de la communauté internationale après la démission de Mahmoud Abbas. Il lui sera très difficile, cette fois-ci, de convaincre ses différents interlocuteurs de sa bonne foi. Pis, sa mission s'annonce des plus ardues, parce qu'il aura toutes les peines du monde à trouver un autre premier ministre, qui sera accepté par toutes les parties, notamment les Américains et les Israéliens, lesquels, pour rappel, avaient désapprouvé la désignation de Ahmed Qoreï. Il ne fait aucun doute que Washington et Tel-Aviv ne manqueront pas de mettre à profit cet incident pour tenter de discréditer encore plus Yasser Arafat auprès de l'Union européenne et de la Russie, qui demeurent ses principaux appuis. Une chose est sûre, le président palestinien, que l'on dit très malade, sera mis à rude épreuve lors des prochains jours. Reste à savoir si son immense popularité interne lui sera d'un quelconque secours. K. A.