Au moment où les membres de l'exécutif de la wilaya exposaient des chiffres à n'en plus finir, louant les efforts de développement consentis dans la wilaya de Tizi Ouzou durant l'année 2010, le président d'APW, Mahfoud Bellabas, fait une révélation sonnant comme un démenti incontestable à la version des pouvoirs publics. Dans son bilan, l'exécutif de la wilaya a noté qu'à fin 2010, la wilaya de Tizi Ouzou, tous programmes confondus, à savoir le programme sectoriel déconcentré, PSD, et le programme communal de développement, PCD, comptaient 1873 opérations, couvertes par une autorisation de programme globale évaluée à 160,2 milliards de DA qui dégage un reste à réaliser de 84,3 milliards de DA. S'agissant des crédits de paiement, expliquent-ils, la wilaya a enregistré au titre de l'année 2010, une consommation évaluée à 21,65 milliards de DA. Si pour certains, ces chiffres restent juste insuffisants pour une région en souffrance en matière de développement, pour d'autres la situation est jugée plus catastrophique qu'on le croit. C'est justement dans cette dernière appréciation que s'inscrit l'intervention du président d'APW. “Pour une enveloppe financière de 64 milliards de DA allouée à notre wilaya durant l'année 2010, un tiers seulement a été dépensée pour le développement. Neuf directions de wilaya n'ont pas engagé un seul centime durant les 15 derniers mois, et nombreuses sont les directions dont les dépenses ont péniblement atteint 5% du budget qui leur est attribué”, est-il écrit dans la déclaration qu'il a remis à la presse après la présentation du bilan d'activité de la wilaya durant l'année 2010. Mahfoud Belabbas estime que la réalisation des PCD a atteint des taux qui dépassent toute espérance, en particulier durant ces deux dernières années. A contrario, les pourcentages de réalisation en ce qui concerne les PSD sont en deçà de ce qui est attendu, quand ils ne sont pas simplement insignifiants. “S'agit-il d'un problème de compétence ou de volonté ?” s'interroge-t-il. Les représentants de l'Etat explique ce faible rythme de développement par l'exigüité du territoire de la wilaya, son caractère montagneux, difficile d'accès et de constructibilité, sa nature juridique privée dans sa quasi-totalité, auxquels s'ajoute la faiblesse de la maîtrise des études, des moyens de réalisation qui sont encore en nombre nettement insuffisant et surtout sous-qualifiés. Les oppositions des propriétaires de terrains ainsi que le phénomène de la réévaluation des coûts de réalisation des projets sont autres contraintes évoquées par ces mêmes responsables. Pour le président d'APW, on ne peut décemment justifier cette inertie et “faillite quasi généralisée” par la faiblesse de l'outil de réalisation, les contraintes foncières ou les oppositions des citoyens. “Il s'agit de faire face à une bureaucratie qui constitue un véritable frein au développement local”, dit-il, soulignant que la faiblesse de l'outil de réalisation évoqué sans cesse est un prétexte fallacieux qui ne résiste pas à l'épreuve du terrain. “La contrainte est plutôt la conséquence de la bureaucratie qui est le fait d'un contrôleur financier qui bloque d'une manière récurrente les visas des marchés et contrats, et d'un trésorier qui excelle dans les rejets des situations et honoraires dues aux entreprises”, accuse-t-il encore non sans mettre l'accent sur les pressions fiscales exercées sur les opérateurs et les lenteurs liées à l'approbation et visas des cahiers des charges par la commission des marchés. En guise de solutions à cette situation qui hypothèque le développement de toute la région, le premier responsable de l'APW suggère de mettre fin aux fonctions des responsables dont le taux de consommation de leur secteur est inférieur à 5% durant ces derniers 15 mois, d'établir un contrat de performance en vue de tenter de résorber le retard et préciser les objectifs et de fixer les échéances de lancement des projets ainsi que les délais de leur achèvement.