Les dépouilles de Nacir et Yassine Bouacida ont passé près de 20 jours dans une morgue libyenne avant d'être rapatriées, dans des conditions déplorables. Le 11 septembre dernier, aux environs de minuit, les jeunes Bouacida Nacir et Yassine, originaires de Sétif, trouvaient la mort dans un terrible accident de la circulation à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Syrthe en Libye. Les malheureuses victimes, qui se trouvaient à bord d'un fourgon de transport en commun de type Vito Mercedes, devaient se rendre en Egypte. Leurs corps ainsi que ceux des six autres occupants du véhicule, tous décédés sur le coup, avaient été transférés vers la morgue de l'hôpital de Syrthe et devaient y séjourner durant dix-sept jours sans qu'aucune information ne parvienne à leur famille ou à leurs proches. Ceux-ci, inquiets de leur absence prolongée, ont alors décidé de suivre leurs traces et se sont rendus en Tunisie, puis dans la Jamahiriya, à Tripoli, où ils purent par recoupements, se rapprocher de l'agence de location de véhicules-taxi en partance vers la frontière égyptienne, et c'est là qu'ils apprirent la terrible nouvelle. On apprit alors à la famille Bouacida que Yassine et Nacir se trouvaient encore dans une morgue à plus de 500 kilomètres de Tripoli et que la représentation diplomatique de l'Algérie dans cette ville en avait été informée le jour même de l'accident. Le frère aîné des deux défunts put, selon ses dires, confirmer que le consul général avait été destinataire d'un courrier signé par la police libyenne l'avisant du tragique accident. Une fois les dépouilles récupérées et ramenées à bord d'un camion frigorifique dans la capitale libyenne, les Bouacida tentèrent de se faire aider par le consul général, lequel se trouvait à une réception en cette journée du 29 septembre et aurait montré quelques réticences à les recevoir. Attitude qui choqua, semble-t-il, les nombreux amis qui tinrent à accompagner la famille au siège du consulat en signe de solidarité. Le fonctionnaire avait fini par accorder une brève et humiliante audience à Bouacida Hacène qui raconte, aujourd'hui, que le Consul général n'était même pas descendu de sa voiture pour discuter avec lui et qu'il aurait même montré des signes d'agacement lorsque le problème du rapatriement lui a été exposé. Toujours selon l'aîné des Bouacida, le consul, M. Mehdi, aurait dit : “Adouhoum oualla khallou rabhoum !” (Emmenez-les ou laissez-les, ce n'est pas mon problème !) en parlant des dépouilles. Comme si, près de vingt jours après leur mort brutale, les jeunes victimes ne méritaient pas des obsèques dignes. Ce sont ces propos qui scandalisent le plus tous les proches de Yassine et Nacir, lesquels furent rapatriés au moyen d'une 4004 bâchée jusqu'à leur ville natale, Sétif, dans des conditions déplorables. Le diplomate, contacté par téléphone, rejette toutes ces allégations et considère qu'en ce qui le concerne, les autorités consulaires ont fait le nécessaire sitôt qu'elles ont été informées de l'accident, en date du 29 septembre dernier. M. Mehdi Mohamed nie catégoriquement que la police ou une quelconque autre administration du pays hôte ait porté à sa connaissance le décès et l'admission dans une morgue d'hôpital des victimes. Il affirme qu'il a fait convoquer le responsable des services sanitaires libyens aussitôt qu'on l'ait saisi de la dramatique affaire et que ce dernier avait, de son côté, réagi dans des délais raisonnables en délivrant les documents nécessaires pour le rapatriement des frères Bouacida en moins de 24 heures. Le consul général déclare qu'il rendra public par le biais du ministère algérien des A. E. un communiqué dans ce sens. Les membres de la famille Bouacida de leur côté ont adressé une lettre de protestation au président de la République et déposé une plainte contre le consul général auprès du parquet de Sétif pour préjudice moral et non-assistance à des compatriotes en détresse. A. ALLIA Consulats d'Algérie à travers le monde Il ne faut surtout pas les déranger L'assistance que les autorités consulaires d'Algérie à travers le monde devraient apporter à leurs compatriotes ne semble pas être une obligation pour nos diplomates. Des dizaines de témoignages de ressortissants algériens en difficulté dans différents pays d'Europe et du Maghreb notamment sont rapportés. Ils font tous état d'arrogance et de mépris quand les concernés ont pu approcher les consuls ou leurs représentants. Le plus édifiant et qui a des similitudes frappantes avec l'affaire malheureuse des défunts frères Bouacida a concerné, récemment, une famille de Souk-Ahras dont le fils est décédé par noyade à Nabeul en Tunisie. Les parents de la victime, qui sollicitaient, en août dernier, un document nécessaire pour l'acheminement du corps en Algérie, ont déclaré avoir été agressés physiquement et insultés copieusement par notre consul général à Tunis. Le correspondant du Quotidien d'Oran à Souk-Ahras s'était vu administrer le même traitement injurieux lorsqu'il avait essayé de connaître son avis sur la question. A. A.