Alors que le SG du syndicat d'entreprise sortait d'une réunion organisée pour recouvrer sa légitimité, des SG de sections l'accusent d'avoir “ignoré les directives” du patron de la Centrale syndicale et d'avoir agi illégalement. Un bras de fer est engagé depuis quelques mois entre des membres du syndicat de la Cnep et leur SG. Le conflit avait conduit à un retrait de confiance à ce dernier, qui assurait également les fonctions de président du Comité de participation, signé par 13 élus aux motifs de “manquement au principe de bonne représentation et de sauvegarde des intérêts et droits des travailleurs de la Cnep”. Dans un autre document, on parle de “faits graves qui ternissent l'image de notre entreprise et portent préjudice non seulement à notre organisme mais encore à l'ensemble des travailleurs”. Pour “riposter à ces accusations”, une réunion a été tenue le 8 mai au siège de la direction de la Cnep/banque à Garidi (Kouba) et a regroupé des représentants venus de plusieurs régions du pays. “Nous n'exerçons de pression sur personne et notre SG est un vrai professionnel. Le syndicat se porte bien à la Cnep, n'en déplaise à ceux qui claironnent le contraire et à qui nous disons que les problèmes de l'entreprise se traitent à l'intérieur et non à l'extérieur”, annonce l'un d'eux. “Par quel moyen organique retirer la confiance au SG ? M. Lakhlef n'est pas responsable du blocage de la tenue des élections pour le renouvellement du syndicat. Celles-ci se feront au moment opportun, il n'y a pas le feu à la baraque”, surenchérit un autre. Se présentant comme la représentante du réseau d'Annaba, une intervenante revient sur le sujet des logements dont a bénéficié le SG du syndicat : “Des travailleurs ont pu acquérir plusieurs logements sans que personne n'ait trouvé à redire. Du moment que l'acquisition s'inscrit dans un cadre légal, où est le problème ? J'ai moi-même construit une villa avec des prêts remboursés.” Prenant la parole en dernier, Lakhlef s'est déclaré prêt à rédiger sa démission “sur la champ”, mais “Lakhlef n'a jamais été seul, il y a une instance derrière lui”, a-t-il ajouté, avant de préciser, au sujet des logements qu'il a acquis : “Qui peut interdire d'acheter un logement dans le respect de la loi ?” Mais cette réunion du 8 mai, au lieu de mettre fin au conflit, ne fait, semble-t-il, que le relancer. D'abord parce que ceux qui y avaient participé n'ont “aucune représentativité syndicale”, selon ceux qui contestent la légitimité de M. Lakhlef, toujours sous le coup d'un retrait de confiance, insistent-ils. Dans un courrier adressé au secrétaire général de l'UGTA, portant une douzaine de cachets et de signatures de secrétaires généraux de réseaux et de conseils syndicaux, la tenue de cette réunion est dénoncée car contraire aux directives des plus hautes instances de la Centrale syndicale. Selon les signataires de ce courrier, le but de la réunion était de rétablir “illégalement” M. Lakhlef Saïd dans ses activités normales alors que son mandat a expiré “depuis plus de 8 ans” et qu'il avait fait l'objet d'un retrait de confiance. Et de rappeler que l'une des directives du secrétaire général de l'UGTA portant sur le “gel total de toute activité syndicale avant la tenue d'une conférence” devait permettre l'organisation de nouvelles élections. Du coup, la réunion du 8 mai dernier constitue “un mépris aussi bien à votre encontre qu'à l'encontre des secrétaires généraux des sections syndicales Cnep-banque”, écrivent les syndicalistes dans leur compte-rendu au SG de l'UGTA qu'ils prient d'intervenir pour faire respecter ses directives et les statuts qui régissent le fonctionnement des structures de l'UGTA. De plus dans un communiqué parvenu à notre rédaction, les mêmes signataires contestent “formellement, officiellement et publiquement les entraves à la loi et les irrégularités” commises, selon eux, par M. Lakhlef, considérant que la démarche de ce dernier est “totalement contraire” à la loi. Appelant les travailleurs de la Cnep à la “mobilisation générale”, ils mettent en garde le président-directeur général et l'administration de la Cnep/banque quant à un éventuel soutien et quant aux moyens qui seraient utilisés dans le but de “maintenir des personnes ayant perdu toute crédibilité aux yeux du collectif des travailleurs”.