Le logement ne peut se contenter d'un Salon pour mieux se porter. Il faut tout le reste. C'est connu, le secteur du bâtiment va mal. Et comme dit le vieil adage “quand le bâtiment va, tout va” mais chez nous les lézardes sont nombreuses et profondes ! Les lacunes dans le secteur du bâtiment se conjuguent en genre et en nombre. La quantité de cages à poules construites est effectivement inhabituelle. Mais, à défaut d'asseoir une politique saine de résorption de la crise du logement, basée sur un système cohérent de distribution, on se retrouve presque encore à la case départ. Force est de constater que c'est toute la politique de l'habitat qui est précaire. Combien de fois n'avions-nous entendu des responsables annoncer dans leurs discours stériles que “la réalisation des programmes sera faite dans le respect des délais d'exécution et de la qualité requise”. Tous les ministres qui se sont succédé à l'Habitat et autres responsables centraux, les walis, chefs de daïra, maires, etc., ont servi le même plat. À la longue, ça devient indigeste. Le million, le million ! Plutôt que de construire 1 million de mauvais logements, pourquoi ne pas en réaliser seulement la moitié, mais de qualité conforme à ce qui se fait de nos jours à travers le monde, dans le strict respect des délais et surtout, s'assurer d'une distribution juste et équitable. Débarrassée du népotisme, de la corruption et du clientélisme, pratiqués jusque-là, banalisés et institutionnalisés. Et ainsi de suite, on finira bien un jour par résorber la crise. En fait, la quantité ne doit, “au grand jamais'', se faire au détriment de la qualité. On ne devrait comptabiliser de logements réalisés et livrés, que ceux qui remplissent toutes les conditions d'un habitat décent, sûr et sans vices cachés. Vu sous cet angle, on est très loin du compte. Pourtant, il ne saurait être autrement. C'est quand même une question de vie ou de mort. Le dernier séisme de Boumerdès est encore dans toutes les mémoires, à l'exception de certains décideurs, amnésiques. Et ce n'est pas le tremblement de terre qui a tué, mais la bêtise humaine. Les conséquences de l'aléa sismique requièrent attention et recherche de solutions pour être évitées, sinon, atténuées. Comme le souligne le thème de ce dernier Batimatec, on croit avoir beaucoup construit. Rempli quantitativement son contrat. On pense aujourd'hui que le moment de passer à la qualité est venu. Une telle réflexion est irresponsable et surtout inquiétante. Cela sonne comme un aveu d'échec. Plus même, une sentence. Que veut dire d'avouer avoir jusque-là, beaucoup construit sans y mettre la qualité requise ? Une mauvaise construction est un bâti qui ne vous assure aucune sécurité. Tous les experts vous le diront ! C'est comme être assis sur une bombe. On construit mal et moche ! Annoncer de telles inepties, c'est terroriser toute une population de “malheureux candidats au logement''. En tout cas, c'est très maladroit. Mais, le pire c'est que c'est vrai ! On a construit mal et moche. D'ailleurs, serions-nous capable de faire mieux ? Peut-être… mais alors, pas avec les mêmes acteurs, car l'habitude est une seconde nature ! Pourtant, le secteur a bel et bien été richement doté en moyens. De colossales enveloppes financières y ont été consenties. Mais, construire des logements “bombes à retardement'' et moches de surcroît, ça ne coûte pas nécessairement moins cher ! Pourquoi donc un tel choix ? C'est juste une question de classe… de culture. On l'a ou on ne l'a pas ! Dans le secteur de l'habitat, il n'y a pas de problème de sous. Pourtant, la crise du logement perdure et provoque des émeutes violentes à travers toutes les régions du pays. L'habitat précaire, non plus n'a pas été résolu. On démolit d'un côté et ça repousse de l'autre, comme des herbes sauvages. L'autorité locale, souvent complaisante, étant aux abonnés absents, les squatteurs d'espaces se mettent inlassablement à l'ouvrage. Et c'est seulement, lorsqu'ils prennent bien racine, que les forces de sécurité interviennent de façon musclée pour les déloger. C'est un véritable jeu du chat et de la souris. C'est comme ça, en Algérie, on adore jouer. Et si au moins on se mettait aux jeux de réflexion ! [email protected] R. L.