La hausse a déjà touché des produits de large consommation. Cette année ne fera pas l'exception. Le ramadhan s'annonce dur pour les bourses moyennes qui doivent d'ores et déjà se préparer à la couleur. Une simple virée au marché de gros de Semmar (Gué-de-Constantine), réputé pour être une “zone franche” acquise à l'informel, nous plonge dans le yo-yo impitoyable des produits alimentaires de base qui meublent les plats modestes du ramadhan. Tomates concentrées, margarines, pois chiches, raisins secs entres autres renseignent sur le coût de la prochaine chorba qui risque d'être brûlante avant la cuisson. Une flambée inexpliquée a gagné ces produits, atteignant parfois même les 40% d'augmentation. À titre illustratif, pour les pois chiches, incontournables durant ce mois, les prix sont passés sur le gros de 75 DA à plus de 100 DA, en l'espace de quelques jours. Les détaillants dépités nous déclarent : “Pourtant, il n'y a aucune pénurie sur ces produits. Du jour au lendemain, les prix ont flambé.” Les pois chiches les plus prisés de calibre 12 sont essentiellement importés du Mexique par les privés. Un importateur nous dira : “Les Algériens ont provoqué le renchérissement de ce produit sur le marché international, faisant le bonheur ainsi des traders et fournisseurs étrangers.” La demande a été massive, explique-t- il, ne comprenant pas le paradoxe d'un comportement commercial irrationnel en ce sens où le marché domestiqué ne souffrait pourtant d'aucune pénurie. Au lieu d'une décantation devant résulter logiquement de l'inondation du marché, les prix sont restés élevés, entretenus par une spéculation dont les leviers de commande se trouvent quelque part soigneusement dissimulés et entre les mains d'une poignée de faiseurs de marché. L'effet boule de neige, au demeurant brûlant, de ce renchérissement s'arrêtera en définitive sur les bourses des ménages qui devront, pour l'occasion, payer plus cher leur… ramadhan. Il n'est nullement question de confrontation de l'offre à la demande, s'insurgent les détaillants. “Comme par enchantement, on augmente uniquement les produits qui intéressent le mois sacré”, soulignent-ils. Autre produit, même constat ; la tomate concentrée, dans sa large gamme made in Algeria, fera des siennes pour “s'autorevaloriser” à son tour et grimper à des prix injustifiables. Elle a tout simplement connu une flambée oscillant entre 10 et 15%. Toutes les marques de tomate se sont prêtées à ce jeu où les commerçants du gros, forts de leurs règles obscures, suggèrent l'idée d'une pseudo-pénurie. On nous avouera que, sur ce marché de Semmar, ni le producteur et encore moins l'importateur n'ont leur mot ou prix à placer. Le contrôle leur échappe totalement au profit des grossistes anonymes et inconnus au bataillon de la légalité commerciale, puisqu'ils n'émargent à aucune contribution fiscale. Commercialement parlant, pour les spéculateurs, le ramadhan est déjà là. Quand on les interroge sur les nouveaux prix, ils nous répondent méfiants : “C'est le marché qui le veut !” ou encore : “La marchandise se fait rare.” Ils ne diront jamais que cette “pénurie” est provoquée en jouant sur les stocks constitués loin des regards dans des locaux aménagés et loués juste pour les besoins de la manœuvre. C'est dire, encore une fois, que les ménages algériens devront subir une anarchie commerciale lourdement facturée car, en dehors du marché de gros, les maquignons eux aussi ont commencé à aiguiser leurs couteaux pour trancher presque à l'unanimité sur les nouveaux prix de la viande. A. W. SNMG Ce qu'il faut savoir Le Salaire national minimum garanti (Snmg) veut dire le salaire minimum que toute entreprise, publique ou privée, toute institution, doit respecter. À partir de janvier 2004, aucun salarié ne recevra moins de 10 000 DA net par mois, le nouveau Snmg, suite à la décision de la tripartite de vendredi dernier. Si l'administration ou l'entreprise viole cette décision, l'Inspection du travail intervient pour la contraindre à appliquer la mesure. Pour l'UGTA, ce relèvement du Snmg de 8 000 à 10 000 DA aura un effet boule de neige sur tous les salaires. Concernant la Fonction publique, selon la Centrale, il y aura hausse de toutes les rémunérations. Pour les entreprises publiques, ce sont les négociations collectives, un arrangement de la tripartite, qui détermineront le niveau de la hausse des salaires. Tout dépendra de la santé financière de la firme d'Etat. En ce sens, M. Badreddine, n°1 du syndicat des pétroliers, nous a indiqué que les négociations de la branche hydrocarbures seront entamées dans les prochains jours. L'UGTA a demandé une hausse de 25% pour les travailleurs du secteur. Le Snmg est également un terme de référence à partir duquel s'établit la pension minimum de retraite : 75% du Snmg. Selon l'UGTA, la hausse du salaire minimum touche toutes les pensions de retraite. Ce référent permet de calculer aussi les salaires des dirigeants d'entreprise publique : x fois le Snmg. Là également, le niveau de la hausse des patrons publics sera décidé en négociations collectives. N. R.