Au-delà des problèmes techniques, liés à la fiscalité, à la mise à niveau, au financement, qui seront certainement abordés, le FCE mettra sur la table des discussions, lors de la réunion tripartie prévue les 28 et 29 mai prochains, “quelques principes de base”, comme fondement à toute politique économique. Le premier, le plus important selon M. Hamiani, invité, hier, à la Radio chaîne III, “est de porter un nouveau regard sur la PME/PMI”. Le président du Forum des chefs d'entreprise reconnaît que la nouvelle politique gouvernementale comprend “un certain nombre de mesures audacieuses, qui vont dans la bonne direction”. Mais, Réda Hamiani souhaite que les chefs d'entreprise soient associés pour les modes opératoires, à la mise en œuvre. Le président du FCE, se félicite “des progrès faits sur le plan législatif”, soulignant que la colonne vertébrale de l'économie algérienne reste le secteur privé. “Nous sommes le premier employeur. Nous sommes créateurs d'environ 75% des richesses hors hydrocarbures produites”, argue-t-il, estimant qu'un bon développement de la PME, “est la meilleure réponse à la lutte contre le chômage, pour la diversification de l'économie, pour sortir de la dépendance pétrolière et favoriser les exportations”. “L'économie nationale a besoin du moteur essentiel que représente la promotion du secteur de la PME-PMI”, a lancé M. Hamiani, évoquant, comme proposition, l'assouplissement des procédures bureaucratiques. En un mot, avoir un environnement économique et administratif qui mette l'accent sur les facilités, sur les appuis, sur les accompagnements, de façon à ce que les entrepreneurs puissent évoluer dans un cadre rénové “fait de compréhension et de soutien de la part de l'administration économique”. Le président du FCE, indique que le diagnostic a été fait par les observateurs et même par les autorités politiques. “Nous sommes dans un paradoxe. L'Algérie a lancé des programmes d'investissement ambitieux. Nous avons une situation macroéconomique excellente, avec des indicateurs qui prouvent la bonne santé, au niveau global, de notre pays. Mais malheureusement, au niveau des entreprises, il reste encore des signes de faiblesse et de vulnérabilité. Beaucoup d'entreprises ont fermé. Beaucoup d'entreprises ont perdu leurs parts de marché, d'une part à cause de l'informel et d'autre part à cause de l'ouverture débridée qui a fait que les entreprises étrangères ont réussi en l'espace de 5 à 6 ans à conquérir des parts de marché”, a-t-il constaté. Du coup, le patron du FCE souhaite, qu'à côté des dépenses publiques, que “beaucoup d'énergie et d'effort soient consacrés à l'investissement productif et au développement de la petite et moyenne entreprise”. M. Hamiani plaide aussi pour la stabilité du cadre législatif, regrettant l'usage “excessif” de la loi de finance complémentaire. La stabilité du cadre législatif permettrait aux entrepreneurs de faire eux-mêmes leur développement et leur programme d'investissement. “Nous ne pouvons pas, chaque année, changer les règles du jeu sauf à vouloir une instabilité chronique qui serait préjudiciable pour tout le monde”, a-t-il estimé. “Nous souhaitons une pause pour au moins cinq ans pour donner le temps aux entrepreneurs de se positionner sur les marchés extérieurs, de prendre les meilleures mesures sur plusieurs années pour hisser leurs entreprises aux standards internationaux”, suggère le président du FCE. M. Hamiani a indiqué que certaines organisations patronales ont répondu favorablement à l'invitation du Forum pour s'aligner sur les mêmes principes de base lors de la tripartite. Mais, semble-t-il, certaines organisations ont décliné l'invitation. Pour autant, M. Hamiani ne désespère pas, “de renouer les contacts” pour se retrouver, “dans des positions uniques pour défendre l'entreprise et transcender les petites différences ou les petits problèmes qui ont surgi au cours des dernières années”. Le président du FCE revendique, également, l'égalité de traitement entre le secteur public et le secteur privé. “Cela doit être une règle cardinale, qu'il s'agisse du foncier, des crédits, de financement ou toute forme de soutien prodigué par les autorités”, précise M. Hamiani, estimant qu'il ne faut pas laisser en rade les entreprises privées qui ont souffert des pertes de change, des actes de terrorisme… Interrogé sur la règle des 51/49, le président du FCE se veut pragmatique. “Elle nous est favorable, dans son énoncé et dans son principe”, a-t-il indiqué, ajoutant que cette règle aurait été mieux comprise, si au départ l'état avait défini des secteurs stratégiques, au sein desquels il faudrait que la partie algérienne soit majoritaire. En tout état de cause, M. Hamiani estime qu'il faut faire le bilan de cette mesure, en rapport avec l'attractivité de l'Algérie en matière d'investissement étranger.