Il sera pour la première fois de l'histoire de ces rencontres qui durent depuis 1990, invité à la prochaine tripartite prévue pour samedi prochain. Le Forum des chefs d'entreprises (FCE), c'est de lui qu'il s'agit, a décidé lors d'une récente assemblée générale de prendre part à la rencontre après l'avoir boudé pendant des années. Parce que, de l'aveu même de son président, le FCE n'est pas un syndicat mais une association patronale. Ce n'est pas tout, le forum avait refusé dans un passé très récent d'adhérer au pacte économique et social qu'il avait sévèrement critiqué.Mais il semblerait que le forum des chefs d'entreprises s'est rendu compte que les réunions tripartites n'étaient plus, et depuis longtemps, destinées uniquement aux questions salariales mais qu'elles abordaient également les questions économiques et l'avenir des entreprises algériennes. Dès lors, cela ne sert plus de persévérer dans la politique de la chaise vide. Aujourd'hui, le FCE rejoint la tripartite pour faire des propositions, discuter de l'état de santé de l'économie nationale, de la situation et des difficultés des entreprises. Son président qui était hier l'invité de notre consœur de la chaîne 3, a indiqué que le FCE était porteur de propositions. «Au-delà des aspects techniques liés à la mise à niveau et la fiscalité, il y a des bases comme fondement de toute économie. Il faut avoir un autre regard sur les PME. Certes, des mesures audacieuses ont été prises par les autorités du pays, nous souhaiterions être associés aux modes opératoires et à l'exécution de ces mesures», dira-t-il.L'ex ministre de la PME/PMI a indiqué que le secteur privé est la colonne vertébrale de l'économie. Il est le premier employeur et génère 75% des richesses hors hydrocarbures. C'est un moteur «dont l'économie a besoin», estime l'hôte de la radio, non sans insister sur le fait qu'il se retrouve devant un paradoxe : «D'une part, l'Algérie a un programme d'investissement et de développement ambitieux, une situation macroéconomique excellente, d'autre part, il reste des signes de faiblesse et de vulnérabilité du côté des entreprises. Beaucoup d'entre elles ont fermé, d'autres ont perdu leurs parts de marchés.»M. Hamiani impute cette situation à l'ouverture débridée de l'économie algérienne, mais aussi au marché informel et la prise de parts de marché par les entreprises algériennes.Et que propose donc le FCE ? Pas plus qu'un moratoire d'au moins cinq années en termes de prise de textes législatifs. Selon lui, promulguer une loi de finances complémentaire (arme redoutable) chaque année a pour conséquence la remise en cause de beaucoup d'autres lois, telles que le code des investissements, du travail. Il fait donc «un moratoire de cinq années, pour une meilleure stabilité qui permettrait aux entreprises d'établir leur programme de développement, de se positionner sur les marchés extérieurs, de se hisser aux standards internationaux.» En termes de revendications que le FCE portera devant la tripartite, M. Hamiani a demandé à ce que le secteur privé soit traité de la même manière que le public en ce qui concerne le gel de la dette et l'assainissement financier. L'hôte de la radio reconnaîtra que les entreprises publiques sont la propriété de l'Etat, et de ce fait, ce dernier est en droit d'agir pour les sauver. Néanmoins, il demande à ce qu'un traitement symétrique soit réservé aux PME privées, dans le domaine du foncier industriel, de l'octroi de crédits, de financement «ou toute forme de soutien».Réda Hamiani a également l'intention, au nom du FCE, de solliciter des pouvoirs publics de réexaminer certains cas de patrons privés qui ont des démêlées judiciaires à la faveur de la dépénalisation des actes de gestion.En somme, le patronat affilié au FCE ou aux autres organisations continue, en dépit de toutes les mesures de facilitations et allègements fiscaux consentis par les pouvoirs publics, de demander encore plus. Sauf qu'en termes de contrepartie, le bilan est peu reluisant. F. A.