Hier, la situation était vraiment critique au complexe sidérurgique d'El-Hadjar (Annaba), où les travailleurs ont suivi massivement le mot d'ordre de grève lancé par le syndicat d'entreprise. Vers 13h, le mouvement, qui avait touché dès 5 heures du matin quelques unités, a atteint progressivement toutes les installations et services pour paralyser complètement l'usine. Dans les ateliers, les services approvisionnement, commercialisation, expédition, l'unité portuaire, celles de Skikda, d'Alger ou d'Oran, aucun ouvrier n'était à son poste et la situation allait dans le sens d'une grève générale. À l'intérieur du complexe, plus de bruit, plus d'activités, c'est le calme plat dans une usine qui grouillait d'ouvriers en combinaisons de travail qui produisaient et qui tournaient en 3 vacations. Ainsi, les laminoirs (LRB, LFR, RPA, LAC et LAC), la DRH et la DAG chôment depuis 13 heures hier et apparemment la situation est loin de trouver une issue qui satisferait les deux parties. En effet, syndicat et direction campent tous sur leurs positions, chacun voulant gagner ce bras de fer, l'un tenu par des milliers d'ouvriers qui attendent que leurs revendications salariales aboutissent et qui exercent une pression sur leurs représentants et l'autre qui, à chaque proposition, doit en référer à sa tutelle qui doit statuer. Un dialogue de sourds pendant que le complexe est à l'arrêt et des livraisons qui attendent d'être expédiées aux clients. Vers 13h30, les syndicalistes ont été appelés par la direction pour une nouvelle séance de négociations qui était toujours en cours au moment où nous mettions sous presse. Selon des indiscrétions, l'employeur a revu à la hausse les augmentations qu'il avait proposées, propositions rejetées par les représentants des travailleurs qui veulent encore plus. C'est l'impasse et apparemment l'on s'achemine vers une grève qui s'étalera sur quelques jours avant qu'un accord qui satisfasse les deux parties ne soit trouvé. Joint par téléphone, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smaïn Kouadria, nous a informé qu'effectivement de nouvelles propositions d'augmentations ont été faites par la direction mais que celles-ci restent très en deçà des attentes des travailleurs ; ce qui a amené, selon lui, le bureau syndical à les refuser. À la question du pourcentage d'augmentation que les représentants des travailleurs veulent atteindre, Smaïn Kouadria nous a répondu que si le seuil avait été atteint, ils auraient suspendu la grève et appelé à la reprise. “Ce n'est pas le cas, conclut-il, et donc la grève est maintenue”.