Brocardée par beaucoup, loin de jouer le rôle qui lui échoit, effacée et fonctionnant par certains aspects selon des schémas de pensée uniciste, la société civile algérienne, à l'heure des bouleversements, est appelée inéluctablement à opérer sa mue. Et c'est sans doute dans ce contexte qu'il convient d'inscrire les “états généraux” de la société civile prévus le 14 juin au Palais des nations, à Alger. Près d'un millier de participants représentant divers segments de la société, dont des organisations syndicales et patronales, regroupements socioprofessionnels, organisations estudiantines et de la jeunesse, conseils de déontologie et d'éthique, cercles citoyens de réflexion et d'action, sociétés savantes et représentants du monde de la culture, des médias et de la communication, espaces académiques et de recherche, sont attendus à ce rendez-vous. Selon le “concept note” du Conseil national économique et social (Cnes), organisme chargé officiellement de “piloter” le rendez-vous, ces états généraux “veulent se donner à voir et à vivre comme un cadre puissant de dynamisation du large mouvement civil de la société algérienne, et ce, aussi bien dans la pluralité de ses composantes que dans la diversité de ses formes d'expression”. Ils se veulent, ajoute encore le document, tout autant “moment catharsis” et “espace catalyse” propres “à sédimenter les socles fondateurs d'une société civile adulte, reconnue dans la plénitude de ses façons d'être, de dire et de faire, aux côtés des autres acteurs institutionnels (…)”. Deux objectifs majeurs sont ainsi assignés à ces assises : libérer la parole en offrant un espace d'écoute et de captation des attentes citoyennes et servir de “point focal pour la restitution/réfraction/interpellation en direction des ‘policy makers' sur toute la gamme des propositions/recommandations jugées pertinentes”. Et pour mieux appréhender les sujets qui seront soumis à débat, cinq ateliers seront aménagés : un atelier de polarité économique, un atelier de polarité sociale, un atelier de polarité gouvernance, un atelier de polarité exclusivement jeunesse et, enfin, un atelier de polarité organique et fonctionnel dont l'orientation est d'arriver à l'élaboration d'une “charte” de la société civile. Une déclaration finale et l'endossement des conclusions et recommandations sont attendus à l'issue des travaux. Reste à savoir maintenant si le Cnes réussira à lever les appréhensions qui entourent cette démarche, inscrite dans le prolongement des réformes globales promises par Bouteflika, notamment dans le choix des invités et les objectifs recherchés.