Résumé : Zineb avait une peur bleue de son mari. Lorsque ce dernier se saoulait, il devenait agressif, l'insultait et la battait. Pourtant en temps normal, Mokrane savait la gâter. Combien de fois ne l'avait-il pas emmenée en ville. À chacune de ses sorties, Zineb racontait des histoires à ses voisines. 43eme partie Zineb ne cessa pas pour autant de se vanter chaque fois qu'elle franchissait le seuil du village. On avait pris pour habitude de lui poser des questions, et elle se prêtait volontiers à des réponses qui n'avaient souvent aucun sens. On riait alors ou on haussait les épaules d'un air indifférent. La jeune femme prenait alors cela pour de l'envie ou de la jalousie et s'en allait la tête haute et l'allure fière. Elle repensait à tout ça en reprenant son raccommodage. Ah ! que le diable emporte ce Aïssa de malheur. Mokrane avait renoncé à la bouteille depuis un bon bout de temps. Et c'est à cause de cet obsédé qu'il s'était rendu chez Akli pour renouer avec la bouteille. Que va-t-il se passer maintenant ? Belkacem tarde à revenir, et si Aïssa remporte la partie, Mokrane ne cessera pas de boire. Un silence de mort régnait dans la grande salle. Zouina somnolait et Ghenima se tenait auprès d'elle telle une statue de marbre. Fatiha revenait du poulailler qui se trouvait derrière la maison. Elle avait ramené quelques œufs frais que personne n'avait songé à ramasser au petit matin. À ce moment, on entendit la porte d'entrée grincer, et Belkacem apparut. Il avait le visage défait et l'air triste. Zouina se lève et Zineb en fait de même. Alors que Fatiha, les œufs encore dans les mains, demeurait au milieu de la salle - Alors mon fils, s'écrie Zouina, quel est le verdict de la djemaâ ? Belkacem s'avance au milieu de la salle et laisse choir son burnous, avant de se laisser tomber dessus. Fatiha lisait le désespoir sur ses traits. Elle s'empresse de déposer ses œufs dans une corbeille en osier et attendit comme les autres la version de son mari. Belkacem regarde les quatre femmes qui l'entouraient, puis prit un couteau de poche et se met à gratter le plancher : - Le fils du péché nous a eus. Zouina blêmit : - Hein, que dis-tu ? Belkacem hoche la tête d'un air navré : - Aïssa a fait chanter notre père. Il est même allé jusqu'à spécifier que Ghenima lui avait déjà été promise au début de la cueillette des olives. - Comment ? - Oui mère. Apparemment, ton mari connaissait très mal son ami d'enfance. C'est tout un scénario qui a été monté par Aïssa. Et maintenant il est bien trop tard pour reculer. Zouina sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle regarde Ghenima qui n'avait pas bougé de son coin et gardait un silence inquiétant, puis revient vers Belkacem : - Que s'est-il donc passé mon fils, la djemaâ n'a donc rien pu faire ? Belkacem secoue sa tête : - Rien, même si quelques membres étaient contre cette union, Aïssa a fait prévaloir ses droits en s'en prenant à la parole de père. Il lui a fait jurer devant tout le monde qu'il s'était engagé à lui accorder la main de Ghenima. Et père n'a pas su se défendre. Ghenima écoutait et attendait la suite. Elle voulait entendre de la bouche de son frère, ce que Mohand a entrepris. (À suivre) Y. H.