Résumé : Sorreya regrette d'être allée à un rendez-vous, arrangé par son amie. Jamais elle n'a été humiliée de la sorte. Toute sa vie, elle a souffert. Elle a subi la méchanceté de sa marâtre avant de pouvoir voler de ses propres ailes. Elle a pu sauver son frère de ses griffes. Mais tant de choses ont changé… 2eme partie Tewfik avait fait la connaissance de Nora, une fille du quartier, du même âge que lui, qui débutait aussi dans l'enseignement. Ce fut le coup de foudre entre eux. Et ils ont tenu à vite se marier. Sorreya a été contrainte à financer une grande partie de la fête, aidée par la suite, par le père de Nora qui offrit aux mariés, une chambre à coucher, un réfrigérateur et tout ce qui pouvait leur servir quotidiennement, sachant qu'ils avaient le strict minium. Dès le mariage de son frère, Sorreya a un peu changé. Elle ne dépense plus autant qu'avant en s'apercevant que Nora ne veut pas toucher à son salaire, qu'elle met tout de côté. Tewfik donne une part de son salaire mais trop insuffisante pour couvrir toutes les dépenses. À deux ou trois reprises, Sorreya leur a rappelé qu'ils sont deux pour les inviter à contribuer tous les deux aux dépenses. Sorreya ne voulait pas que tout retombe sur elle. Déjà qu'un retrait était fait sur son salaire pour l'achat du logement, pour qu'elle en devienne propriétaire au bout de vingt ans. Quelque temps après ses remarques, Tewfik et Nora changent de comportement et d'attitude, se mettant à l'aise, invitant leurs amis et collègues à toute heure. Puis ils se sont mis à décorer la maison à leur goût, sans même la consulter une seule fois, l'ignorant à chaque occasion. À l'allure où allaient les choses, Sorreya avait beau être chez elle, elle avait l'impression d'être chez eux, d'être en plus. Nora a toujours été gentille et respectueuse avec elle, s'arrangeant pour qu'elle ne fasse rien à la maison. Mais Sorreya sait, elle le sent en son cœur, que cela ne durerait pas longtemps. Sa place n'était pas ici. C'est pourquoi elle avait accepté de voir cet homme dont lui avait parlé Lila. Et encore une fois, elle regrette d'y être allée. - Sorri ! En plus du café ! lui crie cette fois Nora, tu as de la visite ! Ta copine Lila ! - Dis-lui… Mais que lui dire, de revenir alors qu'elle est ici ? Elle allait se douter que cela s'était mal passé. - Qu'est-ce que je lui dis ? l'interroge Nora. - Dis-lui de venir avec le café, répond Sorreya qui ne veut pas quitter sa chambre. Elle pouvait cacher ses larmes à Nora mais Lila est au courant. Dès que celle-ci frappe à la porte, Sorreya se presse d'aller ouvrir. Elle ne donne pas l'occasion à sa belle-sœur d'entrer. Sorreya débarrasse son amie Lila du plateau où ont été servies deux tasses de café. Lila comprend que cela n'a pas marché. Elles vont s'asseoir sur le bord du lit, posant le plateau sur la chaise de la coiffeuse. - Qu'est-ce qu'il voulait ? demande Sorreya. Qu'est-ce qu'il attendait de moi ? - Je suis surprise Sorreya, vraiment je ne m'attendais pas à ce que cette rencontre soit un échec. Il voulait quelqu'un de bien, avec qui il pourrait s'afficher sans honte, avec qui il pourrait chasser la monotonie du quotidien. Je me demande pourquoi tu n'as pas fait l'affaire. Pourtant il ne te manque rien, je dirais même que tu es parfaite ! - Explique-moi pourquoi je n'ai pas de chance ? - Tu connaîtras un jour le bonheur Sorreya, le vrai. Sûrement que s'il tarde à venir, il sera unique en son genre ! - Je ne vois pas ce que je pourrais faire avec, une fois la quarantaine entamée, soupire-t-elle. Mais ce qui est sûr, je ne me prêterais plus à ce genre d'expérience ! - Il faut bien tenter de bousculer les choses parfois, dit Lila. Si cela peut te faire sourire, sache que c'est moi qui ai couru après mon mari, que j'ai dû me servir de toutes mes armes et de mon charme pour me l'approprier ! On n'a rien sans rien, ma chère ! - Je ne suis pas une battante Lila, souffle Sorreya. Je n'en ai pas la force et je n'ai plus l'âge ! - Souhaitons alors que le bonheur vienne de lui-même ! Il ne faut pas que cet affront brise ton moral ! - Il ne peut pas me briser le moral, la rassure Sorreya. J'ai de la peine de m'être rabaissée à ce niveau pour quelqu'un qui n'en valait pas la peine, qui ignore ma valeur ! - Viendra le jour où tu seras le trésor de quelqu'un ! - Je voudrais bien te croire Lila … - Crois-moi ! Je sens que ce jour est proche ! Tu verras, dans quelque temps, ta solitude ne sera plus qu'un souvenir. On aura même l'occasion de plaisanter là-dessus plus tard ! (À suivre) A. K.