La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'est rendue vendredi en Zambie pour un périple de cinq jours en Afrique, qui la conduira respectivement en Tanzanie et en Ethiopie. L'ex-première dame des Etats-Unis était à Lusaka dans le cadre de la conférence annuelle de l'Agoa, une loi américaine sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique. Cette législation américaine permet à 37 pays d'Afrique d'exporter aux Etats-Unis, depuis 2000 jusqu'en 2015, sans droits de douane, si toutefois les bénéficiaires respectent les normes fondamentales de la démocratie et du libre marché. 1 600 personnes étaient présentes à la rencontre, dont des chefs d'entreprise et les représentants de 31 pays du continent noir. Si dans son discours la secrétaire d'Etat a évoqué l'aide américaine à la lutte contre le sida et en faveur de la sécurité alimentaire du continent, de même qu'à l'accélération parfois phénoménale de la croissance économique, il n'en demeure pas moins qu'elle a consacré la plus grande partie de son intervention aux échanges commerciaux. “Les pays africains exportent seulement une poignée de 6 500 produits en franchise” vers les Etats-Unis, a-t-elle regretté, d'autant plus que le pétrole représente 90% de ces exportations. Certes, l'exportation de produits manufacturés a été multipliée par 4, mais faut-il encore constater que c'est la seule Afrique du Sud qui investit de manière significative ce créneau. Par contre, l'autorisation exceptionnelle des Etats-Unis d'importer des vêtements fabriqués en Afrique avec des tissus d'importation aurait eu un effet inattendu, aux antipodes de ce qui en était attendu. Cette disposition aurait en effet favorisé l'explosion d'entreprises chinoises spécialisées dans le secteur sur le continent. Or, la Chine est précisément un concurrent particulièrement offensif en Afrique. Les Etats-Unis, comme l'Europe, s'inquiètent d'une présence de plus en plus envahissante du géant asiatique. La Chine est le partenaire commercial le plus important et le plus grand investisseur du continent africain. Le volume des échanges entre les deux parties a enregistré un bond de 40% en atteignant 127 milliards de dollars au cours de l'exercice précédent, contre seulement 44 milliards pour les Etats-Unis. La Chine a une longueur d'avance sur les puissances occidentales dans la mesure où son partenariat avec les Etats africains n'est assorti d'aucune contrainte en matière d'exigence démocratique et des droits de l'homme, l'empire du Milieu lui-même ne faisant pas de ces critères sa vertu première. Au-delà de l'achat de matières premières et de l'investissement industriel, le géant chinois s'est illustré ces dernières années par l'acquisition de surfaces agricoles de plus en plus importantes. Hillary Clinton n'a d'ailleurs pas hésité à fustiger le concurrent asiatique auquel elle a reproché l'absence de transparence dans ses transactions avec le continent noir. On aurait pu penser qu'à la faveur des révolutions arabes, la secrétaire d'Etat américaine développerait un discours offensif en faveur de la démocratisation des régimes africains, comme l'a fait le président Obama lors de sa visite officielle au Ghana, au début de son mandat. Il n'en a rien été. L'économie et le commerce ont été au cœur de son intervention même si, accessoirement, elle a évoqué la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Cette attitude conforte quelque peu la rumeur selon laquelle la secrétaire d'Etat compterait quitter la tête de la diplomatie américaine pour briguer la présidence de la Banque mondiale, qui sera libérée en 2012. Depuis Lusaka elle a fermement démenti l'information, mais son proche entourage confirme ces intentions, malgré ses fortes dénégations.