Si les premiers états généraux de la société civile, initiative du Cnes, font l'objet de critiques de la part de nombreux observateurs, ils n'en revêtent pas moins d'importance aux yeux de certains parmi les participants à cette rencontre, première du genre. De l'avis de ces derniers, elle aura, du moins, le mérite d'engager les débats sur de nombreuses questions se rapportant à la situation sociopolitique et économique nationale. Ce qui devra, du reste, permettre de clarifier certaines zones d'ombre entravant encore le développement économique de notre pays, mais aussi et surtout l'ouverture politique tant revendiquée en ce Printemps arabe. “Comment peut-on épargner à un pays déjà exsangue l'écueil d'une fracture annoncée ?” est la question que s'est posé, à ce titre, le Dr Ammar Belhimer, un des membres du comité de pilotage et de suivi des Assises sur la société civile, rencontré en marge de cette rencontre qui se déroule depuis mardi dernier à Club-des-pins. Analysant les débats de l'atelier n°3, dédié au thème “Pour une gouvernance rénovée, un dialogue social permanent et une démocratie participative”, M. Belhimer suggère, dans sa réponse, “la consécration de trois principes qui doivent être inscrits dans un béton constitutionnel immuable”. “Il s'agit, explique-t-il, de la constitutionnalisation et la légalité des actes de gouvernance, la contractualisation des compromis sociaux, la culture du dialogue et l'inclusion”, puis de la “consécration de la responsabilité politique, au sens où élus et responsables doivent rendre compte de leur gestion à tous les stades”, et, enfin, de la “séparation des pouvoirs, l'indépendance du pouvoir judiciaire, les libertés et notamment celle de la presse”. Le dialogue social ne préoccupe pas moins ce docteur en économie, lequel dialogue, dit-il, doit trouver dans l'entreprise citoyenne un espace privilégié pour sa réflexion qui est présentement “handicapée”. De son avis, il y a d'abord “les rentes syndicales qui empêchent le libre exercice du droit syndical”. Aussi, estime-t-il, “la désindustrialisation de l'économie (l'industrie est passée de 17% du PIB dans les années 1970 à 5% aujourd'hui), rétrécit davantage la sphère d'exercice du dialogue social”. À cela s'ajoute l'expansion alarmante de l'économie informelle. “Voilà pourquoi l'entreprise n'est plus le lieu de création de richesses et qu'elle ne peut aspirer à abriter un exercice aussi noble que le dialogue social”, conclut-il.