La salle Chanderli du palais de la culture Malek- Haddad était bondée de monde. Une marée humaine pour cette dernière soirée du 9e Dimajazz. Billet en main, les spectateurs couraient dans tous les sens. L'effervescence était à son paroxysme Une certaine surexcitation planait dans l'air. La raison ? Le guitariste international installé en Grande-Bretagne, Keziah Jones, était à l'affiche de cette soirée. Cette agitation était perceptible depuis mercredi soir où la salle de spectacle avait affiché complet, et pour cause : le groupe Fada (jazz-rock-slam, France) et Boney Fields & the Bone's Project (blues/funk, Etats-unis d'Amérique) s'y produisaient. Pour la soirée de jeudi, même atmosphère, voire plus. On se bousculait devant les portes de l'enceinte du Palais de la culture. En un clin d'œil, tous les sièges sont occupés, la salle est pleine comme un œuf, au point où certaines personnes restent debout, à défaut de places assises. Il est presque 21h. Le début est imminent. C'est Nadir Leghrib d'Annaba qui fait la première partie du concert de clôture. Seul sur scène, avec sa guitare sèche, jouant en acoustique, il interprète ses compositions. Dans un style mélangeant chaâbi et grunge, le chanteur déclame, dans une sorte de poésie populaire, le quotidien du jeune algérien, où sont relatés la malvie, les problèmes sociaux, de cœur, les désillusions… En outre, sa première chanson était un hommage à la mémoire d'Aziz Djemam, cofondateur du Dimajazz. Blufunk, et le métissage des musiques Une heure après, entre sur scène le tant attendu Keziah Jones avec ses deux musiciens. Un feutre sur la tête, penché sur le côté, habillé de jaune, des couleurs viennent zébrer sa tenue de scène, telle une gouache étalée au couteau. L'artiste exprime d'abord sa joie de se produire sur la scène constantinoise. Et c'est parti pour exactement 65 minutes de concert, montre à la main. Durant lequel, le public en délire, danse sur les anciens tubes du roi du blufunk, une musique métissée, gorgée de rythmes et autres sonorités issus de ses origines (Lagos), et des “villes-capitales où se retrouvent toutes les influences, tous les sons, toutes les histoires des hommes et des musiques” : folk funky, groove, afro-beat, afro-blues, afro-soul. Les tubes s'enchaînent. Keziah Jones se déchaîne : une interprétation unique, il gratte sublimement sa guitare. Il demande au public de se lever, de danser, de chanter. En un mot de s'amuser. Dans l'euphorie générale, l'artiste fait tomber sa chemise. Délaissant son instrument, le déhanchement suggestif commence. La chaleur monte d'un cran. C'est la folie dans la salle. Et le show reprend de plus belle. Les minutes s'égrènent, l'assistance, dans le délire et la liesse, est en osmose avec l'invité de marque de l'antique Cirta. Pour les artistes, c'est le moment de converser musicalement entre eux. Et rebelote, reprise de plus belle du tour de chant composé d'anciens tubes et, en exclusivité, de deux chansons extraites de son nouvel album qui est en cours de préparation. Tout s'arrête, lumière et son. La scène est vide. Le public acclame la star du Blufunk. Un standing ovation. Keziah Jones revient, portant un autre costume de scène, rappelant ses origines africaines. Ça reprend de plus belle : musique au top, jeu de lumière pour plus d'ambiance. Une pluie de confettis tombe dans la salle. Signe que la fin est imminente. Keziah Jones met fin à la soirée et quitte la scène. Un goût d'inachevé qui vite se dissipe pour ne garder que la beauté d'une “nuit magique”. C'est sur cette liesse que le rideau est tombé sur la 9e édition du Dimajazz.