Quelle soit russe, turque, libanaise, égyptienne, colombienne, mexicaine ou afghane, la maffia de la cocaïne est particulièrement attirée par l'Algérie qui constitue la porte de l'Europe, deuxième continent consommateur après le sous-continent nord-américain. C'est ce qu'a déclaré, hier, Abdelmalek Sayah, DG de l'office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), lors d'une conférence organisée par le centre des études stratégiques d'Echaâb à l'occasion de la célébration, aujourd'hui, de la journée mondiale de la lutte contre la drogue. Pour le conférencier, les indicateurs montrent, on ne peut plus clair, qu'aujourd'hui la stratégie des barons de la drogue a complètement changé. La résine de cannabis, qui constituait dans le passé la principale drogue, pour ne pas dire l'unique, qui transitait par l'Algérie en provenance du Maroc, tend à céder la place relativement aux drogues dures comme la cocaïne, l'héroïne ou l'ecstasy. Ce phénomène, précise le conférencier, trouve sa raison essentielle dans le système de contrôle imposé au niveau des ports, aéroports et barrages routiers. Il faut convenir qu'un kilogramme de cocaïne est plus facile à dissimuler qu'un quintal de kif et qu'il rapporte plus d'argent. Cette dernière substance, la plus prisée des toxicomanes dans le monde, est destinée à la clientèle européenne. Les cartels de la drogue notamment de l'Amérique latine ont donc jeté leur dévolu sur l'Algérie, devenue passage obligé des narcotrafiquants vers le vieux continent. Cependant, la drogue ne fait pas que transiter par chez nous. L'Algérie est passée, depuis quelque temps, de pays de transit en pays consommateur, même si les saisies restent faibles. L'on se rappelle, à ce sujet, le nombre important de plants d'opium détruits en 2008 dans la région d'Adrar. “Passer de la culture de cannabis à la culture d'opium est une première pour les services de lutte contre la drogue”, s'inquiète le DG de l'ONLCDT, qui souligne “que la consommation de cocaïne en Algérie est une réalité et qu'Oran constitue la plaque tournante du trafic de cette drogue dure”. S'agissant de trafic de kif, l'orateur montre du doigt le voisin de l'Ouest, premier rang mondial dans la production de résine de cannabis. Toutefois, les barons dans ce pays trouvent de plus en plus de difficultés à écouler leurs marchandises en Europe, pour la simple raison que beaucoup de pays comme la France, l'Angleterre et autres ont leurs propres productions. De plus, ajoute-t-il, il existe actuellement une concurrence rude dans ce domaine, compliquée par l'introduction de beaucoup de pays africains qui produisent de très grandes quantités de cannabis aux côtés des pays asiatiques comme l'Afghanistan ou le Myanmar (Birmanie). La seule solution pour ces narcotrafiquants, selon M. Sayah, est de se concentrer sur l'Algérie. À noter que le nombre de toxicomanes traités en Algérie est passé de 4 000 en 2008 à 11 234 en 2010 et que l'office de lutte contre la drogue projette de réceptionner d'ici 2015 une quinzaine de centres de désintoxication.