En cette période, l'une des graves préoccupations des Européens demeure la crise financière que traverse des pays comme la Grèce et il faudra incontestablement que les 500 millions d'Européens se serrent la ceinture pendant les six mois de cette présidence polonaise alors que la Croatie est sur le point de devenir le 28e Etat membre. Herman Van Rompuy vient de déclarer devant le Parlementaires européens à Bruxelles que “les heures qui viennent seront décisives, capitales, pour le peuple grec – et non seulement pour le peuple grec – mais aussi, pour l'eurozone, et même la stabilité mondiale”. Et c'est dans ces conditions particulièrement difficiles que la nouvelle présidence polonaise des 27 a prévu “le renforcement de l'aide financière apportée aux régions européennes les plus pauvres et enclavées, particulièrement en Bulgarie et en Roumanie” comme l'une des quatre grandes orientations de son mandat qui devra, par la même occasion, mettre l'accent “sur les zones rurales qu'il faudra soutenir et intégrer aux marchés”… Autre grande ligne directrice de l'action semestrielle polonaise : renforcer les partenariats à l'Est (Russie) et en Méditerranée. Tout un programme ! Mais ce sont les débuts de négociations sur le prochain budget européen qui s'étendra de 2014 à 2020 qui ponctueront l'un des points essentiels de ce mandat. Le document détaillé de la nouvelle présidence sur le budget est attendu après la période estivale, au mois de septembre et les discussions commenceront peu après avec le Parlement. De son côté la Commission travaille d'ores et déjà aux priorités budgétaires de l'Union et l'accent de l'Exécutif jusqu'en 2020 sera probablement porté sur la croissance, l'éducation, le climat, la sécurité et la politique étrangère. Déjà en décembre dernier dans une lettre commune, l'administration européenne ainsi que l'Allemagne, la Finlande, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni s'étaient déclarés en faveur du gel des dépenses communes jusqu'en 2014 et le Premier ministre britannique David Cameron avait enfoncé le clou en assénant que “tous les pays européens sont actuellement contraints de se serrer la ceinture” et qu'il n'y avait donc “aucune raison pour que l'Union européenne y échappe”. Les querelles intestines risquent de voir le jour d'ici peu entre une conception plus “communautaire” des uns confrontée à ceux qui souhaitent grappiller ici ou là davantage de moyens financiers pour leur département. Et tous les Etats membres ne partagent pas une même vision de leurs priorités. La France et la Roumanie, par exemple, tiennent comme la prunelle de leurs yeux aux fonds agricoles et les pays d'Europe centrale et orientale ne pensent pas à diminuer les aides structurelles qu'ils perçoivent aux régions les plus pauvres. L'Allemagne se montre réticente à jouer les vaches à lait de l'Europe en dépit de la faible ristourne qu'elle a engrangée ces derniers temps et le Royaume-Uni, refuse toujours de remettre en cause les avantages qui avaient été arrachés par Margaret Thatcher. De leur côté les eurodéputés plaident pour une augmentation du budget européen d'environ 5% en martelant que le budget actuel de l'Union européenne ne représente que 1% du revenu national brut européen, c'est-à-dire 142 milliards d'euros cette année, pour faire fonctionner une Union de 500 millions d'individus. Il est donc possible que la Commission proposera de nouvelles recettes pour tenter d'échapper à de nouvelles querelles. On sait en effet que l'essentiel des ressources européennes proviennent pour l'instant des Etats membres mais de nouvelles pistes sont envisagées comme celles sur les transactions financières ou une taxe sur les quotas de CO2.