Le secrétaire général du FLN n'a pas répondu aux récentes attaques du Premier ministre. “Nous refusons de faire allégeance aux personnes.” C'est ce qu'a martelé, hier, Ali Benflis, le secrétaire général du FLN, d'un ton des plus fermes devant ses militants à Tipasa à l'occasion du meeting qu'il a animé au siège de la mouhafadha de cette wilaya. Faisant allusion à la cabale qui cible son parti par le cercle présidentiel, le candidat du FLN pour la présidentielle 2004, lors de sa deuxième sortie sur terrain, après la tenue du congrès extraordinaire du 3 octobre dernier, a demandé à ses militants de “ne pas faire allégeance aux personnes” et de “résister à toutes les pressions” dont ils font l'objet. “Qu'est-ce qu'ils peuvent vous faire ?”, dit-il, en faisant référence aux pressions qu'exercent en permanence les partisans du Président-candidat sur les responsables locaux sur l'ensemble du territoire national. “Ils peuvent vous perturber, vous déranger et vous gêner un moment, mais cela ne va pas durer !”, s'écriera-t-il sous les applaudissements de la foule scandant : “Benflis président.” “Il viendra le jour où le wali refusera d'appliquer des instructions contraires aux lois de la République”, dira-t-il avant d'enchaîner qu'il “viendra aussi le jour où les représentants du peuple seront appréciés à leur juste valeur”. Comme exemple de pressions, le leader de la première force politique dans le pays a expliqué les conditions dans lesquelles les services de la wilaya de Tipasa ont refusé l'octroi de l'autorisation de la salle de cinéma au FLN, où devait se tenir le meeting d'hier. “Quand on est allé à la wilaya demander l'autorisation, il nous ont dit, il faut choisir votre camp. (...) Quelqu'un nous a informés à la wilaya par la suite qu'on lui a demandé, secrètement, de refuser de donner l'autorisation au FLN.” C'est d'ailleurs pour cette raison que le secrétaire général du FLN a animé son meeting dans la grande cour de la mouhafadha sous une pluie battante. Sur ce même registre, le patron du vieux parti martèlera que le cercle présidentiel s'emploie à casser tous les présidents des Assemblées populaires communales (APC) qui ne leur sont pas assujettis et à déstabiliser les communes qui ne leur sont pas acquises. Pour l'orateur, l'attitude du cercle présidentielle est significative de l'état de panique et d'affolement qui s'est emparé d'eux. Tout comme il ajoutera qu'ils “sont en perte de vitesse et en perte de clairvoyance”. Visant sans tergiverser le Président-candidat, le numéro un du parti majoritaire affirmera : “Nous, au FLN, nous ne partageons pas cette vision, nous voulons un Etat d'institutions qui fait respecter les lois de la République et non pas un Etat d'un individu ou d'un clan qui fonctionne selon les humeurs et avec affolement”. Il insistera sur le fait que “la culture algérienne est républicaine, elle refuse l'allégeance”. Il expliquera que d'“autres pays peuvent accepter la soumission, mais il n'est pas dans la culture et dans les traditions des Algériens de l'accepter et de se soumettre aux personnes”. Et de préciser à l'endroit de l'actuel locataire d'El-Mouradia que “celui qui pense que le peuple algérien peut être entraîné et dirigé comme il veut, se trompe lourdement !”. Ce faisant, toutes les attaques qui ciblent le parti “ne nous émeuvent pas”, tranchera net Benflis. “Le FLN, affirmera-t-il, est un parti qui se porte bien à travers tout le pays et il poursuit sereinement son chemin”. C'est, d'ailleurs, pour cette raison vraisemblablement que Benflis n'a pas voulu répondre aux attaques dont il a fait l'objet de la part du Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, mercredi dernier. Evoquant, par ailleurs, l'ébullition du front social, le patron du FLN a regretté que les pouvoirs publics refusent le dialogue avec les contestataires et sortent la matraque à chaque fois que la population exprime des revendications. À l'issue de son allocution, le leader du FLN a reçu des motions de soutien à sa candidature pour 2004 de la part des élus de Tipasa, d'un comité de soutien au niveau de la wilaya, de la Coordination des fils de chouhada et de la Coordination des enfants de moudjahidine. N. M.