Ali Benflis s'indigne devant “les agissements du président de la république”. Dans un meeting populaire qu'il a animé, hier, à la Maison du peuple, UGTA à Alger, en présence de Karim Younès, président de l'APN, Mahmoud Zaïm, président de l'APW d'Alger et de ses ex-ministres (Youbi, Dorbani, Bouchemla, Abad…), le secrétaire général du FLN n'a pas usé de détours pour vilipender l'attitude du président-candidat dans son instrumentalisation à l'ensemble des institutions de l'Etat, pour imposer à la hussarde sa candidature pour 2004. “La justice est asservie pour servir un candidat”, a lancé Benflis tout de go, devant une foule en délire de prêt de 3 000 personnes. “Une pression sauvage est exercée sur les magistrats pour qu'ils prennent des décisions dans un sens et non dans un autre”, explique-t-il avant de préciser que cet état de fait “n'est pas de la faute des magistrats qui sont l'écrasante majorité à être intègre”. “La faute incombe, note-t-il, à ceux qui ont décidé de dévoyer la justice pour les besoins d'individus”. L'impératif d'un statut de la magistrature est dès lors revendiqué par l'homme fort du FLN aux fins de prémunir les magistrats de tous chantage et abus. L'utilisation de l'administration pour l'invalidation du VIIIe congrès du FLN a été également dénoncée. Selon les propres termes du leader du parti majoritaire dans les institutions de l'Etat, les tentatives de déstabilisation du FLN par le département de Yazid Zerhouni, ne visent ni plus ni moins à en faire un parti de l'administration : “Nous refusons d'être un parti de l'administration, car vous connaissez tous le sort réservé à ce genre de partis qui sont des structures préfabriquées par les gouvernants pour les servir”, clame-t-il en soutenant dur comme fer qu'“au FLN, nous voulons être un parti autonome et indépendant qui n'a aucune tutelle autre que celle qu'exercent sur lui ses militants”. Cette déclaration, qui a suscité une forte ovation des militants présents dans la salle, a été accompagnée de youyous et de cris : “Benflis Président”. Le département de Abdelaziz Belkhadem n'a pas, en outre, échappé aux critiques du patron du FLN. “C'est une honte de voir que les moyens de l'Etat, le siège et le fax du ministère des affaires étrangères soient utilisés par un mouvement putschiste hors la loi !” tempête-t-il. Sur sa lancée, le chef de file du FLN n'a pas manqué de s'indigner des pressions que fait subir le clan présidentiel sur les élus locaux : “Ils exercent des pressions inimaginables sur les élus locaux en leur demandant de prendre parti sous la force en faveur du Président-candidat et de signer des motions de soutien pour lui”, explique Benflis sur un ton grave, tout en martelant que “rien de durable ne peut se concevoir dans un Etat qui obtient par la violence la volonté des gens”. Quel est le programme du FLN ? “Le programme de notre parti, dira Benflis, est la consécration et la réalisation du contenu de la proclamation du 1er Novembre 1954.” Autrement dit, la construction d'un Etat démocratique et social “fondé sur le véritable pluralisme politique, une séparation des pouvoirs, un Parlement souverain, une justice indépendante et une presse libre et soutenue”. Et de préciser : “On est définitivement convaincu qu'il n'y a pas d'ouverture possible dans le pays en dehors du pluralisme politique.” En direction de l'actuel locataire du palais d'El-Mouradia, il lancera : “celui qui n'a pas compris cela se trompe lourdement et vit dans une époque révolue.” Benflis martèlera que “vouloir déstabiliser un parti politique revient à vouloir déstabiliser le pays”, avant de lancer comme défi à ses détracteurs : “Au lieu de penser à déstabiliser le FLN, pensez plutôt à résoudre les problèmes des grandes réformes de l'école, de la justice, du développement local, du statut de la femme, des inégalités sociales qui se posent au pays.” “Nous sommes prêts à défendre notre parti et à résister à tous les complots”, assure le patron du FLN. N. M.