La soirée inaugurale de la 33e édition, certes, n'était pas véritablement un grand succès, mais elle a bel et bien réussi à libérer les jeunes, dont le nombre dépassait les 3 000, du poids harassant de leur quotidien. Le Festival international de Timgad a une fois encore déçu ses détracteurs qui l'ont donné pour mort avant qu'il ne commence et a réconforté ses entichés qu'il se porte bien. Une première soirée 100% algérienne. Et c'est la troupe traditionnelle de Taxlent dénommée Rafâa qui a ouvert le bal. Composée de deux joueurs de bendir, de deux joueurs de gasba, de trois danseuses et d'un chanteur, la troupe locale a gratifié les jeunes de la région et même de Sétif et d'Oran de chansons traditionnelles. Quatre titres du terroir local ont égayé l'atmosphère du nouveau théâtre de Timbale. Après le chant chaoui, c'est le sahraoui qui lui emboîte le pas. Le chanteur Mohamed Laâraf entonne ses chansons qui s'envolent dans le ciel de Timgad. La voix douce et captivante accroche le public. Tout de suite, il est talonné par le jeune chanteur Massi, qui chante cinq chansons, dont Fou de toi et Si tu m'aimes et un ensemble d'autres titres. Il chante également un Scénario en hommage au défunt chanteur de la région Katchou, un genre de duo virtuel où des morceaux des chansons de défunt Katchou ont été reprises. Le jeune chanteur a été plusieurs fois perturbé par les cris des jeunes, qui scandaient carrément “Mami, Mami”. Vint suite le tour de Mohamed Lamari. Malgré ses 83 ans et ses 62 ans de carrière, il a interprété d'une manière exceptionnelle, sa chanson Djazaïria, qui a enflammé les jeunes, qui à leur tour, l'ont longuement ovationné. À peine la chanson achevée, c'est la surprise de la soirée : le chant de l'hymne national Qassaman est entonné. Car la soirée inaugurale a coïncidé avec la veille du 49e anniversaire de l'Indépendance (également fête de la jeunesse). Par la suite, c'est le tour des feux d'artifice d'éclairer le ciel de Timgad, de colorer l'espace de leurs couleurs du drapeau algérien. Le théâtre se mue en un lieu féerique. Après plus d'une demi-heure dans une atmosphère féerique, Mohamed Lamari reprend ses chansons, lesquelles ont encore leurs entichés. Très ovationné par les jeunes, le chanteur Lamari (hadj cinq fois) très heureux, à la fin de son passage, nous confie : “Malgré mes 8 passages à Timgad, Timgad continue à me fasciner, j'aimerais bien y retourner.” À peine avoir quitté la scène, le chanteur Hacène Dadi, lui emboîte le pas et interprète cinq chansons puisées du terroir local : Ya Fiala, El-Djaïr Lahbiba, Goul Mata Waya , Aktab'li Lebria ya Ould Ouma et Matabkich Ya Djamila. Pour permettre aux musiciens de cheb Mami de s'installer, les organisateurs ont programmé un sketch qui n'était pas du tout programmé. C'est un sketch varié, écrit et mis en scène par Mohamed Sahraoui, interprété par le trio Oudjit Hajla, Mabrouk et Gaïga. La pièce était suivie par la lecture des trois “horoscopes” (jeux de la boukala). C'est la deuxième partie de la soirée et le tour de cheb Mami, très aimé par les jeunes de mettre le feu dans les tribunes. C'est tout le nouveau théâtre de Timgad en délire qui chante et qui danse avec les chansons du cheb Mami. Les jeunes se défoulent. Ils laissent leur corps onduler et leur âme voyager par ces airs du raï. Cheb Mami regarde en direction des musiciens et des techniciens du son, en raison de la qualité défectueuse du son. Cheb Mami chante cette soirée ses plus vieilles et belles chansons, notamment Fatma, Chérie, pas de chichi ! ou encore Bladi. Toutes ces chansons ont été reprises par le jeune public, apprises par cœur. Cheb Mami n'a rien perdu de sa notoriété. Pour ses nouvelles chansons, il confie aux journalistes qu'elles seront dévoilées à la fin de l'année 2011.