Résumé : La fièvre refuse de tomber et Mohand est obligé de s'aliter. Son oncle Saïd le prend en charge et le force à se reposer. Le jeune homme s'assoupit et rêve de Ghenima. Il se réveille lorsqu'il sentit le contact d'une main sur son visage et entendit une voix. Cette voix… Il la reconnaissait. À qui est-elle donc ? La voix reprit : - À notre arrivée, oncle Saïd nous a dit que tu étais trop mal en point pour nous accueillir, alors je suis venu te voir… Comment vas-tu Mohand ? Mohand est complètement ébloui. La lumière qui émanait de la torche l'empêchait de voir très clair, mais il n'eut aucun mal à reconnaître le son de la voix : - Amar ! - Oui, en chair et en os mon cher frère. Mohand se jette dans les bras de son frère aîné, et ils pleurèrent chaudement l'un et l'autre. Le premier moment d'émotion passé, Mohand revint à la réalité : -Je suis heureux de te revoir Amar, mais dans de telles circonstances, je ne sais pas si l'expression n'est pas déplacée. Amar hoche la tête : - Oui, mère nous a quittés, que Dieu lui accorde Sa Clémence. - Elle a tant souffert, que ses dernières prières faisaient mal à entendre. - Je comprends. Père aussi était bien malade. - Père ? - Oui. Il a failli succomber à une mauvais toux. À force de travailler dans le tréfonds des mines, il a contracté une maladie pulmonaire chronique. C'est pour cela d'ailleurs que nous n'avons pas pu venir l'été dernier. - Tu n'as jamais fait référence à tous ça dans tes lettres. Et même les émigrés qui rentraient au bled de temps à autre ne nous avaient rien dit. - Je ne voulais pas vous alarmer. Déjà que la santé de mère n'était pas au beau fixe. - Et c'est jamais il avait… Le mot lui resta en travers de la gorge. Mohand aimait autant son père que sa mère. - Tu peux le dire. Il aurait pu succomber. On l'avait hospitalisé et il est resté alité des mois durant. - Et maintenant ? Amar hausse les épaules : - Eh bien après une longue convalescence, on lui a accordé une pension d'invalide à vie. Les médecins lui avaient délivré des certificats attestant que son état de santé de lui permettait plus de redescendre dans ces trous noirs où il a passé la plus grande partie de sa vie. - Pourquoi n'était-il pas donc rentré tout bonnement au bled ? - On s'y apprêtait Mohand. Je t'avais informé que nous devrions venir durant ce printemps. Nous étions prêts à réserver nos billets, quand le télégramme annonçant le décès de mère nous est parvenu. Mohand se met à réflEchir. Amar lui tendait une perche. Si son père demeure au village, l'affaire sera vite conclue. Il n'aura plus besoin d'embarrasser l'oncle Saïd par une responsabilité qui aurait pesé lourd sur son dos, déjà voûté par l'âge. - À quoi pense-tu ? Amar l'avait tiré de ses méditations. - Heu, je me disais… - Oui ? - Oh ! laisse tomber. Nous en reparlerons après. Nous devrions préparer l'enterrement de mère pour demain, et avec tout ce monde qui ne cesse d'arriver, je pense que le moment est bien mal choisi pour les confidences. - Tu veux me confier quelque chose ? - Oui. Mais c'est une longue histoire. Il faut que j'aille tout d'abord voir père… (A suivre) Y. H.