Résumé : Yahia et Amar le père, et frère aîné de Mohand arrivent de France. Ce dernier apprend que son père aurait pu succomber à une maladie pulmonaire. Il reproche à son frère de lui avoir caché cette amère réalité et demande à voir tout de suite son paternel. Il tente de se relever et titube. Amar vint à son secours et remarque ses traits tirés et quelques égratignures sur son visage : - On dirait que tu me caches beaucoup de choses Mohand ? Que s'est-il donc passé pour que tu sois dans un tel état. - Rien. Juste une rixe entre voyous. (Il rit ironiquement) Ton frère est un grand voyou maintenant Amar. Ce dernier flaire tout de suite le chagrin de son frère. Un chagrin bien trop profond pour qu'on le mette sur le dos du décès de leur mère. - Tu ne veux rien me dire ? - Pas tout de suite, te dis-je. Plus tard Amar… Plus tard. Amar lui tendit son bras et l'aide à marcher : - Tu es sûr que tu peux tenir debout. - Oui, si tu m'aides. - Bien sûr. Tu peux compter sur moi. - Amar, arrange-toi pour que père ne remarque pas trop mon état. - Oncle Saïd lui avait dit que tu avais pris froid… Une fièvre trop élevée t'obligeait à garder le lit. - Très bien. Oncle Saïd n'avait pas tort. J'étais très fiévreux. - Hum… Tu parais bien plus malade Mohand. Ne devrais-tu pas rester au lit, j'irais appeler père et il viendra lui-même te voir sur place. Mohand lève une main suppliante : - Tel que je le connais, avec ses yeux de lynx, il comprendra tout de suite que je me suis bagarré. Non je préfère plutôt la version de l'oncle Saïd et pour ne pas le mettre dans la gêne lui aussi, je préfère sortir le saluer, et après tu pourras me ramener dans cette remise obscure. Amar hausse les épaules : - Si tu y tiens. Mohand retrouve son père. Comme pour Amar, les larmes lui montèrent aux yeux. Mais cette-fois-ci, ce n'était pas d'émotion. Yahia n'avait plus que la peau sur les os et son air exténué n'augurait rien de bon. Mohand reconnaît que son père était bien malade. Où était donc passé le gaillard d'autrefois, qui faisait fuir même les animaux sauvages rien que par son regard. Yahia le serre dans ses bras, et Mohand sentit les os de son père craquer. Le mal était encore en lui. Il pousse un long soupir. Un souci en plus pour ses nuits blanches ! Mais peut-être que l'air revigorant de la montagne lui fera du bien. N'a-t-on pas déjà ramené des malades dans de pires états, qui s'étaient tout de suite rétablis grâce à l'air sain de leur village ? Yahia contemple son fils un moment avant de lancer : - Comment vas-tu Mohand ? - Bien père… Je suis un peu bouleversé… -Oui. Je comprends. Tu ne t'attendais pas au départ de ta mère. - Non ce n'est pas ça. Mère était bien malade, que d'aucuns lui souhaitaient la mort pour la délivrer. Mais je suis aussi triste de te voir dans cet état. Tu as beaucoup maigri. - Rends grâce à Dieu fiston de m'avoir revu vivant. - Que Dieu soit loué. Amar m'a parlé de toi. Mais je vous en veux à tous les deux de ne pas nous avoir informé. - Pourquoi faire ? Pour vous alarmer sans raison ? J'étais, certes, malade et hospitalisé. Mais qu'aurais-tu bien pu faire d'autre que du mauvais sang. Alors j'ai interdit à Amar de vous dire la vérité dans ses écrits. - Voyons père tu aurais pu mourir. - Et alors. Tu vois bien que ta mère est partie. Qui aurait pu empêcher la mort de venir me chercher moi aussi. (A suivre) Y. H.