Résumé : Mohand revoit son père et constate que ce dernier n'était plus que l'ombre de lui-même. Il était si triste et si affligé qu'il ne put retenir ses larmes à la pensée que son père aurait pu trépasser lui aussi. Ce dernier le console en lui assurant qu'il n'avait pas peur de quitter ce monde. Mais plutôt de souffrir. Il secoue sa tête d'un air sage : - La mort mon fils ne me fait pas peur. Nous ne sommes pas éternels. Ce que je crains le plus, c'est plutôt la souffrance. Mohand hoche la tête : - Oui. Mère avait souffert le martyre ces derniers mois. Je la plaignais tous les jours. - Tu vois. Alors qu'aurais-tu fais si je t'avais annoncé ma maladie ? - Rien certes. Mais j'aurais quand même su, je suis ton fils, et en droit de savoir ce qui pourrait t'arriver de bon ou de mauvais. Yahia lui tapote l'épaule : - Tu es un bon fils Mohand. Tu t'es occupé de la maison et de la famille. Maintenant que je suis là, il est temps pour toi de penser un peu à ton avenir. Mohand ne répondit pas. Il avait encore de la fièvre et ses blessures le torturaient. Il se lève et s'excuse auprès de son père : - Je suis exténué. - Va donc prendre un peu de repos. Je vais tenter de veiller avec les autres. - Surtout pas. Tu es épuisé, et ce long voyage que tu viens d'entreprendre n'arrange pas les choses. Laisse donc Amar s'occuper du reste et va toi aussi te reposer un peu. Demain, la journée sera bien plus longue, et bien plus pénible pour nous tous. Le vieil homme passe une main sur son visage : - Je sais mon fils, dit-il d'une petite voix… Que Dieu soit avec nous. Mohand retourne dans la remise et Amar le suit. - J'ai demandé à Yemma Kamra de nous ramener quelque chose à manger. - Je n'ai pas faim. - Tu devrais manger Mohand. Depuis quand n'as-tu pas avalé une bouchée ? Mohand ne se rappelait pas. Tant de choses s'étaient accumulées ces derniers heures qu'il avait oublié jusqu'au goût de la nourriture. Les gargouillements de son estomac le ramènent à la réalité : - Depuis hier, peut-être… - Hum… À ta mine défaite, je n'ai aucun mal à penser que cela fait au moins deux jours que tu n'as rien pris. Mohand soupire : - Avec le décès de mère et l'état de père, je te demande qui aurait le cœur à faire passer quelque chose à travers sa gorge. - Moi… Mohand sourit du coin des lèvres : - Bien sûr Amar. Tu es chez-toi. Ta femme pourra s'occuper de toi. - Non. J'ai préféré ma belle-mère. Elle est moins loquace. - Là-dessus tu as raison. À ce moment précis, une vieille femme fait son irruption dans la remise avec un plat de couscous arrosé de légumes et garni de morceaux de viande : - La mort ne choisit pas son moment, alors autant s'y préparer à l'avance et partir le ventre plein… lance-t-elle en guise d'encouragement aux deux hommes. Mohand invite son frère à s'asseoir auprès de lui sur la natte et lui tendit une cuillère : - À toi de commencer. Cela fait bien longtemps que tu n'as pas goûté à un tel plat. - Tu peux le dire frérot… Même dans mes rêves je voyais ces bons plats de chez nous que mère nous préparait autrefois. (À suivre) Y. H.