Neuf cas de rapt d'enfants, mettant en cause des pères d'origine algérienne, ont été enregistrés en 2011 au Royaume-Uni. Jusque-là, les exfiltrations de Grande-Bretagne d'enfants, nés de couples mixtes, impliquaient surtout des ressortissants du Pakistan ou d'Inde. Or, plusieurs cas, mettant en cause des algériens, ont été enregistrés en 2011. Selon des statistiques qui viennent d'être diffusées par FCO's Child Abduction Section, un service du ministère britannique des affaires étrangères, spécialisé dans la prise en charge des affaires d'enlèvements parentaux, le nombre des rapts vers l'Algérie, est passé de zéro à neuf, sur un total de 161 cas qui ont été portés à la connaissance du Foreign Office et qui constituent une hausse de 10% par rapport à 2010. L'un d'eux, très médiatisé, met en cause Hocine, un ressortissant d'origine algérienne, qui aurait conduit ses trois enfants en Algérie, à l'insu de leur maman. Maria Salas Dual, une londonienne d'origine espagnole, est en train de remuer ciel et terre pour récupérer ses petits. Samara, Saladin et Rayhan, respectivement âgés de 13, 10 et 7 ans, ont été exfiltrés durant le printemps. Prétendant les emmener à la piscine, leur papa les a mis dans un avion en partance pour Alger. Suite au divorce du couple, le papa a obtenu un droit de visite, dont il a finalement abusé. Son comportement possessif à l'égard de sa progéniture est, selon Maria, la raison qui l'a poussée à demander le divorce. Désemparée, elle s'est rendue en Algérie, en avril dernier, munie de la décision de la Cour qui lui a accordé la garde des enfants. “J'ai montré cette décision à des représentants du gouvernement algérien. Mais cela n'a servi à rien”, raconte Maria. Depuis, son ex-mari lui interdit de voir Samara, Saladin et Rayhan. “Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Ils ne parlent pas un mot d'arabe”, confie la maman éplorée. Une députée travailliste, Emily Thornberry, représentant le district d'Islington, au nord de Londres, est allée au secours de Maria. “Ce qui est arrivé à cette famille est tragique. Je ferai de mon mieux pour l'aider. L'Algérie doit signer les accords internationaux qui protègent les femmes comme Mme Salas”, dit-elle. Comme l'Algérie, environ une centaine de pays n'ont pas ratifié la convention de La Haye sur les enlèvements d'enfants. Ce traité oblige les Etats à intervenir dans les cas de rapt parental, pour restituer les enfants à la partie du couple qui en a été privée. D'après Jeremy Brown, secrétaire d'Etat au Foreign Office, l'absence de collaboration de pays tiers, dans les affaires d'enlèvement parental, limite le rôle de son propre département. “Nous ne pouvons pas remettre en cause les lois des autres Etats”, fait-il savoir. Selon la législation algérienne, le papa est le tuteur de sa progéniture. Dans une mise en garde insérée dans le contenu de son Travel Warning (Conseils aux voyageurs), concernant notre pays, le Foreign Office informe ses ressortissants qu'à l'instar d'autres pays musulmans, l'Algérie dispose d'un système légal largement inspiré de la charia et qui accorde au père de larges prérogatives, en matière de tutelle sur ses enfants. En cas d'enlèvement, le ministère britannique des affaires étrangères dit n'avoir aucun moyen de rapatrier les enfants. Son aide consiste seulement à aviser Interpol dans l'objectif de localiser les victimes des rapts. Il se propose également de servir d'intermédiaire entre les tribunaux britanniques et les juridictions locales. Mais dans la plupart des cas, cette mission est vouée à l'échec compte tenu de l'invalidité intra-muros des décisions de justice, émanant d'un magistrat étranger, surtout en matière de garde légale. En tout état de cause, sans autorisation paternelle, les enfants mineurs sont dans l'interdiction de quitter le territoire algérien. Pour prévenir les enlèvements, les services consulaires algériens avaient pris, il y a quelques années, une mesure demandant à tout compatriote résidant à l'étranger de faire valoir l'accord de sa conjointe, si celle-ci n'est pas algérienne, avant de se faire délivrer un passeport pour son enfant. Cette obligation a été ensuite restreinte aux couples divorcés, pour s'assurer que la maman ne s'oppose pas à la sortie de sa progéniture du territoire. Reunite, une ONG britannique d'aide aux victimes des enlèvements parentaux, exhorte les conjoints exposés à ce genre de danger à être vigilants. “Il faut être prudent lorsqu'un des parents demande à partir seul en vacances avec son enfant, surtout si au préalable, il a quitté son emploi et son logement”, préconise Sharon Cook, représentante de l'association.