300 compatriotes en situation irrégulière ont été reconduits aux frontières depuis janvier 2007. 60 autres sont actuellement en détention dans les prisons britanniques. Ils attendent que la justice se prononce sur leur sort. Une quarantaine d'entre eux a introduit des demandes d'asile. Même si elle ne figure pas dans le top ten des pays, comme le Pakistan ou le Zimbabwe, dont les ressortissants en situation irrégulière au Royaume-Uni, sont les plus ciblés par les opérations d'expulsion, l'Algérie s'affiche néanmoins en bonne place dans le tableau avec une moyenne d'un refoulement tous les deux jours. C'est du moins ce qui ressort d'un bilan des services de l'immigration du Home Office — le ministère de l'Intérieur. Les statistiques, qui viennent d'être publiées, couvrent toute l'année 2007 et le 1er trimestre 2008. Durant cette période, 300 Algériens ont été renvoyés dans leur pays. 60 autres sont actuellement en détention. Ils attendent que la justice se prononce sur leur sort. Parmi eux, une quarantaine a introduit des demandes d'asile politique. L'année dernière, 240 requêtes de cette nature, émanant de compatriotes, ont été acceptées, contre 225 refus. Durant le 1er trimestre 2008, 90 demandes ont été enregistrées. L'asile politique est l'ultime recours utilisé par les sans-papiers, pour régulariser leur situation et obtenir The Free of Remain (libre de rester), le fameux cachet des services de l'immigration. Les jeunes harragas évoquent l'exclusion politique et sociale dans leur pays pour fléchir la position des magistrats britanniques. Mohamed Nacer, patron d'un cabinet de conseils juridiques au profit des sans-papiers, assure que beaucoup de jeunes n'hésitent pas à réclamer le statut de réfugié pour des raisons économiques. Certains autres se disent victimes d'intolérance et de persécution en raison de leur appartenance ethnique ou religieuse. Toutefois, il est devenu très difficile de bénéficier du droit d'asile. Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et les attaques contre les transports londoniens en 2005, ont conduit les autorités britanniques à faire preuve de prudence et de vigilance. Durant les années 1990, la situation tragique que vivait l'Algérie, avait permis à de nombreux Algériens, des journalistes, des policiers, des militaires et surtout des islamistes de se réfugier Outre-Manche. Profitant d'une certaine indulgence à leur égard, les partisans de l'ex-FIS avaient transformé leur terre d'accueil en théâtre de propagande. Aujourd'hui, ils sont réduits au silence. Après avoir été touché en plein cœur par la terreur terroriste, le Royaume-Uni s'est empressé de réviser ses règles de l'hospitalité. L'abolition du droit à l'asile politique permanent et la réduction de sa durée à 5 ans renouvelable, devrait dissuader les bénéficiaires d'un quelconque écart de conduite. Sur un autre registre, tout un arsenal législatif vient d'être mis en place afin de lutter contre l'immigration clandestine, comme l'instauration d'une carte d'identité pour les résidents. En vue de lutter contre le trafic de la main-d'œuvre étrangère, la dénonciation des employeurs et leur sanction à travers de fortes amendes, viennent aussi d'être décidés. Enfin, des descentes combinées de la police et ses agents des services de l'immigration dans les quartiers, réputés comme étant les fiefs des sans-papiers, sont organisées régulièrement. Plus de 50 000 conduites aux frontières ont été réalisées en 2007 à travers toute la Grande-Bretagne. Il y a quelques jours, la fuite d'un groupe de sans-papiers d'origine libyenne d'un camp de rétention à Londres, avait suscité l'intérêt des médias. La police a mobilisé ses troupes pour les retrouver. S'exprimant en marge de cette évasion, Jackie Smith, ministre de l'Intérieur, a annoncé l'augmentation des effectifs de surveillance des centres de rétention de clandestins. S. L.-K.