L'oiseau dit à la poule : “Poule, tu as des ailes, pourquoi ne peux-tu pas prendre ton envol comme je le fais ?” “- Parce que je n'en suis pas capable, répondit la poule.” L'oiseau reprit : “Mais, pourquoi donc ? Tu as des pattes comme moi, des ailes comme les miennes et tout ce que comporte mon corps, tu l'as toi aussi.” Vexée, la poule ne voulut plus écouter les paroles de l'oiseau : “Va-t-en et laisse-moi dormir dans la maison. Je n'apprécie guère le langage que tu me tiens !” “- Puisque tu ne veux pas entendre mes paroles, continua l'oiseau, demain, les gens te prendront, te tueront et mangeront ta chair. Tu manques d'intelligence, alors que je viens t'apprendre la sagesse, tu me repousses ! Bientôt, lorsque tu verras les gens venir pour te tuer, peut-être alors, m'écouteras-tu. !” La poule répliqua : “Va-t-en, je n'ai que faire de tes conseils.” “- Très bien”, dit l'oiseau en partant se percher sur un arbre. Dès l'aurore, le maître de maison se leva et saisit un bâton pour tuer la poule. À sa vue, celle-ci prit son vol, traversa la maison de son maître en poussant des plaintes : “Ce que l'oiseau m'avait prédit hier est arrivé, alors que j'ai refusé de l'écouter !” L'oiseau, toujours perché sur son arbre, dit à la poule : “Entre dans les herbes. Si ton maître te voit, il te tuera. Quand tu seras au milieu de la verdure, ne bouge pas et reste tranquille.” La poule écouta attentivement et s'enfuit dans le fourré. L'homme chercha dans l'herbe, sans succès. Fatigué, il rentra chez lui. En le voyant partir, la poule sortit des herbes pour rejoindre l'oiseau. Celui-ci lui donna de nouveaux conseils : “S'il vient pour te tuer, ponds un œuf. Quand il le verra, il pensera : la poule pond des œufs, je ne la tuerai pas. Mais il prendra l'œuf, s'en ira le faire cuire avec du sel, le mangera et sera content. Chaque matin, il viendra chercher à l'endroit où tu pondras un œuf. Voilà le conseil que je te donne et ne l'oublie surtout pas.” “- Je te remercie, mon frère oiseau, répondit la poule. “Je ferai ce que tu m'as recommandé, aujourd'hui, demain et tous les jours, jusqu'à ma mort. Je te remercie beaucoup.” Puis, rassuré, l'oiseau ajouta : “Si tu écoutes mes paroles, les gens n'auront plus envie de te tuer.” Et il s'en alla. [email protected]