Résumé : Mohand et Ghenima eurent la même idée. La jeune fille va se réfugier dans la grange jusqu'à ce que le temps soit plus clément. En attendant, elle passe la nuit dans la remise et ne se réveille qu'au petit matin pour constater que Mohand avait déjà quitté sa couche et était sorti. Elle se lève et met un peu d'ordre dans ses vêtements, ou se qu'il en reste. Elle renoue son foulard et regrette d'avoir laissé tomber son balluchon lors de son périple, alors que les loups couraient après elle. Un bruit attire son attention. La porte s'ouvrit, et Mohand revint avec une tasse de café fumante et un morceau de galette. - Tu t'es levée ? - Oui. Il fait déjà grand jour, j'ai dû dormir comme une marmotte. - Tu étais si fatiguée que je n'ai pas eu le courage de te réveiller. Mais il n'est pas trop tard. Prend tranquillement ton petit-déjeuner. Je vais refermer la porte derrière moi. Dès que je verrais que le champ est libre, je te préviendrais. Il prend une grosse clé de sa poche et la lui tendit : - C'est la clé de la grange. Tu ouvriras la porte de derrière. Il est préférable pour nous de prendre des précautions. - Oui. Je ferais très attention. - Je vais te remettre quelques provisions et quelques vêtements qui te tiendront au chaud. Tu trouveras ta couverture là où je l'ai laissée. Le seul inconvénient est que tu ne pourras pas allumer le feu ou même une torche. - Je sais. Mais des vêtements chauds et une couverture suffiront. - Bien. Alors ne perdons pas de temps. Termine de manger, je reviendrais. Il ressortit et Ghenima se met à siroter le breuvage chaud. Elle était plus calme et même trop sereine dans un moment où un rien pouvait dévoiler sa présence. Es-ce dû à la présence et à l'assurance de Mohand ? Elle n'en savait rien. Que font ses parents en ce moment ? Ses frères sont-ils partis à sa recherche ? Et Aïssa ? Elle n'en doute pas qu'il devait être furieux d'apprendre qu'elle avait fugué. Le lui avait-on appris ? Elle n'en savait rien. Belkacem avait marché toute la nuit. Malgré le froid et la neige, il ne s'était arrêté qu'au petit matin à la lisière d'un petit bois. Ghenima ne pouvait pas avoir parcouru toute cette distance seule, au milieu d'une nuit aussi noire et aussi glaciale. D'ailleurs les loups auraient vite fait de la rattraper. Il avait entendu leurs hurlements et avait brandi sa torche en avant, à chaque pas. Des animaux l'avaient frôlé, mais Belkacem était habitué aux multiples dangers de la forêt. Il en connaissait chaque coin et savait que le moindre faux pas pouvait le désorienter. Le bois s'ouvrait devant lui, telle une île au milieu d'une mer. Il frissonna et resserra son burnous autour de lui. Il avait faim. Il repense aux quelques provisions que Fatiha lui avait remis. Il s'assoit alors sous un arbre et étale ses jambes fatiguées. La neige avait cessée, mais le froid mordait encore jusqu'au os. Le jeune homme plonge sa main dans la capuche de son burnous et en ressorti un morceau de galette et quelques figues sèches. Il repose sa tête contre le tronc de l'arbre et se met à manger tout en repensant aux derniers évènements qui avaient frappé sa famille. (À suivre) Y. H.