Résumé : Belkacem arrive au petit matin dans un village. Il rencontre alors un vieil homme qui lui demande les raisons de sa présence matinale. Le jeune homme, qui ne pouvait dévoiler la réalité à un étranger, détourne savamment la conversation, en demandant au vieillard, si c'est ainsi qu'on recevait les étrangers. Le vieillard brandit sa canne : - Vous avez marché une bonne partie de la nuit ? Par ce froid et la neige ? Belkacem hoche la tête : - Oui. J'ai une affaire urgente à traiter. Le vieillard le dévisage encore curieusement : - Je ne sais pas si vous vous rendez compte des dangers qui vous guettent. Par ce temps de chien, l'urgence serait plutôt de réintégrer son chez-soi et de se mettre au chaud. Belkacem acquiesce, mais ose formuler lui aussi la question qui lui brûlait les lèvres : - Et vous donc que faisiez-vous à cette heure si matinale loin de la chaleur de ton foyer. À votre âge, vous devriez plutôt vous reposer auprès de vos petits-enfants. Le vieil homme ébauche encore un sourire : - votre spontanéité me plaît jeune homme. Vous n'êtes pas bête et vous paraissez simple et honnête. Je suis juste sorti pour accompagner ma vieille. Ma fille est en train d'accoucher et habite non loin d'ici. Belkacem pousse un soupir. L'homme avait l'air d'un brave père de famille, il ne s'était donc pas trompé sur son compte : - Voilà un autre exemple. On parlait justement des urgences qui incitaient les gens à sortir de chez-eux par un tel temps. - Oui. Mais vous ne m'avez pas encore dit de quelle sorte d'urgence il s'agit pour vous. Belkacem s'humecte les lèvres : - Oh…. Heu… J'ai une commission à accomplir. Je dois récupérer une marchandise chez un commerçant. - Es-ce là votre urgence ? Cette marchandise ne pourra-t-elle pas attendre de meilleurs jours. - Non… Nous l'avons négociée dès le début de l'hiver, justement, pour la revendre à temps. Sinon nous perdrons nos intérêts. L'homme n'était pas dupe. Mais ne voulant sûrement pas se montrer davantage curieux, il invite d'un geste Belkacem à le suivre : - Votre chemin doit être encore long. Il faut que vous repreniez des forces. Je vous offre le gîte et le couvert pour aujourd'hui. Demain vous reprendrez la route, si toutefois le temps s'avère plus clément. Belkacem secoue la tête : - Merci de votre générosité mon père, mais je ne pourrais pas trop tarder dans ce village. J'accepte cependant de partager le “pain et le sel” que vous m'offrez. Le vieil homme précède Belkacem et tous les deux escaladèrent un chemin escarpé qui menait vers les maisons en pierres qui narguaient la rudesse de la montagne. L'homme était essoufflé et s'arrêtait de temps à autre pour reprendre sa respiration, en s'appuyant sur sa canne. Belkacem lui tendit le bras : - Appuyez-vous sur moi, je vais vous aider. Le vieillard hoche la tête : - Merci mon fils. Mes jambes ne sont plus aussi souples et solides qu'autrefois, et parfois j'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. - Qu'à cela ne tienne. Les chemins montagneux sont toujours rudes. Même des jeunes de ma génération ne tiennent pas le coup. - Non. Je ne pense pas. Je suis bien passé par ton âge. J'étais fort et vigoureux, et rien ne pouvait me résister. Mais maintenant, je crois que mes forces sont anéanties par le poids des années. (À suivre) Y. H.