Au fil des années, le statut des imams en Algérie est en train de prendre une envergure de plus en plus importante. Ce n'est pas dû à une quelconque relation privilégiée avec les citoyens. C'est plutôt le rôle que lui donne le gouvernement. Ce Ramadhan 2011 vient confirmer cette “tendance”. La preuve est parvenue d'un représentant du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs (Marw). C'était dans une déclaration à l'APS, le 21 juillet dernier, du chargé de l'information, Adda Fellahi. “Les imams doivent abandonner, dans leurs prêches durant le mois de Ramadhan, les discours traditionnels et axer davantage sur les soucis et préoccupations des citoyens”. Des recommandations qui ne sont pas passées inaperçues, et pourtant. Avant tout, cet officiel admet, malgré lui, que onze mois sur douze, les “discours traditionnels” des imams ne sont pas axés sur les “soucis et préoccupations des citoyens”. Loin d'être une surprise, cette sortie ne vient que confirmer ce que beaucoup ont constaté ces dernières années. Ceux qui écoutent souvent et subissent les khotbas des imams, du vendredi, auront remarqué que les sujets abordés au fil des semaines tournent presque uniquement autour de trois thèmes : la Palestine, le djihad, et… la femme. Un discours que beaucoup banalisent. Pourtant les effets néfastes sur la population, surtout les jeunes, sont de plus en plus palpables. Faut-il encore rappeler que quasiment tous ces imams versent dans des oraisons “funestes” aux penchants salafistes au vu et au su de tout le monde. Leurs références sont “par hasard” les mêmes que ceux des wahhabites, dont l'emprise sur les mosquées est devenue de plus en plus imposante. Les autorités semblent se plaire dans cette situation. Sur onze mois, elles gèrent la société aux côtés des imams, pour le Ramadhan, elles abandonnent carrément les citoyens à la mosquée. Il faut revenir encore une fois aux déclarations du chargé de l'information du Marw, “le discours des imams sera orienté essentiellement vers les commerçants les dissuadant de profiter de ce mois sacré pour réaliser des gains faciles en faisant le malheur du simple citoyen qui subit les effets de la hausse des prix des produits de large consommation”. N'y a-t-il pas des ministères, des commissions, des organismes dont le rôle est de faire ce qu'on demande aux imams ? N'est-ce pas une façon comme une autre du gouvernement de se laver les mains des dépassements qui vont survenir ? Une société est alors abandonnée par des autorités pour la “remettre” aux mains de personnes dont le costume est bien trop large pour leurs frêles épaules.