Le Maroc ne constitue pas seulement une base arrière de trafic international de cannabis, si on se fie aux aveux des membres d'un important réseau de trafic de faux billets de banque qui vient d'être démantelé dans le Grand-Alger et dont les ramifications se trouvent au centre et à l'ouest du pays. Tout a commencé au mois de juillet dernier quand les enquêteurs de la Section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN), relevant du groupement de la wilaya d'Alger, exploite un renseignement faisant état d'un individu qui écoule des faux billets de banque, en coupure de 200, 500 et 1 000 dinars, dans la localité de Baraki. Après des investigations poussées, les officiers de la SRGN réussissent à interpeller G.B, demeurant à Baraki, en possession de 80 millions de centimes. C'était le 24 juillet quand les enquêteurs ont eu la certitude que ce malfrat allait écouler des sommes allant de 10 à 20 millions de centimes au marché de véhicules d'occasion. Une manière de blanchir le produit contrefait et d'empoisonner, du coup, les commerces. La fouille du véhicule du mis en cause et son exploitation aboutiront vite à une autre découverte. Il s'agit de deux réseaux aux ramifications régionales, puisque l'un active entre Alger et Bouira jusque l'axe de Tizi-Ouzou et de Boumerdès et l'autre sévit entre Alger, Oran et AIn Témouchent. Le mis en cause ne tardera pas à craquer avant de révéler lors de l'interrogatoire qu'il existe un second individu basé à Bordj El-Kiffan (Alger), avec qui il gérait les deux réseaux pour convoyer l'argent entre les régions d'Algérie. L'intéressé sera immédiatement arrêté en possession de 25 millions de centimes en fausses coupures de billets de banque également. L'affaire prend alors une tournure gravissime et la SRGN, en vertu d'une extension de compétence, arrête un troisième individu (né en 1962) à Oran. Ce dernier, lors de son exploitation, révélera vite qu'une quatrième personne, et pas des moindres puisqu'il s'agit de la tête du réseau, est basée à Aïn Témouchent et qu'elle demeure en fuite. Où ? aucun doute, au Maroc. Répondant aux initiales de B. B., cette dernière détient toute la logistique. Et pour cause, lors de la fouille de son domicile, les enquêteurs de la SRGN découvrent le pot aux roses : des unités centrales, des imprimantes laser, des machines à couper les billets en liasses de 200, 500 et 1 000 dinars, des produits chimiques et une matière servant à la contrefaçon de la filigrane en argent. Mais, selon les aveux des complices et autres acolytes, les faux billets qui circulent sur le marché proviennent du… Maroc. Crime organisé au sens de crime transfrontalier, les huit individus arrêtés, dont cinq originaires du Centre et trois autres de l'Ouest, ont également révélé que plus de 600 timbres fiscaux sont dans la nature. Les officiers de la SRGN ne comptent pas s'arrêter à ce stade de l'enquête puisqu'ils viennent de confier les unités centrales à l'expertise de l'Institut de la criminologie et de la criminalistique de Bouchaoui qui devra rendre les résultats très prochainement afin notamment de savoir qu'elle était la quantité de faux billets qui ont été fabriqués et diffusés. Association de malfaiteurs, contrefaçon de billets de banques, émission et vente de fausse monnaie, possession d'un matériel à des fins criminelles, complicité et non-dénonciation de trafic de faux billets, tels sont les chefs d'inculpation retenus contre ces individus