Tout en niant l'existence de la pénurie, le ministre accuse aussi “les lobbies exogènes” d'être derrière les perturbations du marché du médicament. La pénurie de médicaments constamment signalée un peu partout à travers le pays ne doit pas inquiéter, outre mesure, les Algériens, selon le ministre de la Santé, Djamel Ould-Abbès, qui a improvisé, hier, une rencontre avec les cadres du secteur et les syndicats des pharmaciens précisément autour de ce sujet. Ceci, quand bien même le ministre soutient que cette réunion est programmée dans le cadre des rencontres cycliques engagées depuis un certain temps avec les différents représentants du secteur, “on a changé notre tactique et notre plan de travail ; désormais, nous privilégions le dialogue ouvert avec tous nos partenaires”, a-t-il commenté. La pénurie des médicaments est-elle une création de la presse qui ne rapporte pourtant que des faits signalés par des citoyens ou des professionnels du secteur ? À en croire les propos du ministre et de ses cadres, tout ce qui a été écrit et dit ces derniers jours n'est que “mensonge” ! Ils sont catégoriques : “Tous les produits nécessaires sont disponibles au niveau de tous les hôpitaux et des officines.” Par exemple, la pénurie des anticancéreux et d'autres produits nécessaires pour le traitement des sidéens, qui a fait la manchette d'un confrère arabophone, n'est qu'“une fausse information”, selon le directeur des pharmacies du ministère de la Santé. Il a tenu à préciser qu'actuellement seul un produit sur les 129 anticancéreux manque au centre Pierre-et-Marie-Curie, alors que 19 sur 20 produits nécessaires pour le traitement des sidéens sont également disponibles à Oran, contrairement à ce qui est cité par la presse. Chose qui réconforte logiquement le ministre même si lui, personnellement, reconnaît qu'“il y avait de l'opacité” dans la gestion et la distribution du médicament. Selon lui, si pénurie du médicament il y a souvent, c'est parce que le médicament a toujours été “otage des lobbies exogènes à la santé, à la médecine et à la pharmacie”. Reconnaissant la complexité de régler tous les problèmes du secteur à la fois, le ministre appelle son entourage “sincère” à faire preuve de plus de vigilance devant les barons du médicament. Même s'il a tenté de minimiser l'impact de la pénurie signalée en s'appuyant sur les données exposées par ses cadres présents à la rencontre, M. Ould-Abbès reconnaît que “le constat est amer”. Le ministre osera même citer certains exemples pour prouver l'existence réelle des lobbies de médicaments en citant cette dame qui importait de la matière première et qu'elle vendait à Saidal. Il dénonce, en outre, le fait récurrent de voir des diplômes de pharmacien vendus à des personnes étrangères à ce métier. Pour M. Ould-Abbès, le temps est venu pour qu'“on sorte la tête de l'eau”. Pour ce faire, il préconise de relever la production nationale et réduire la facture de l'importation du médicament. De son côté, le secrétaire général du ministère de la Santé a fait appel à un bilan ancien pour venir à la rescousse de son ministre et justifier la pénurie. À leur tour, les partenaires du ministère de la Santé, les représentants du Snapo, de l'Unop et de l'Ordre des pharmaciens n'ont pas fait mieux que le ministre et ses commis. Ces derniers ont toutefois le mérite de réitérer devant le ministre, leur revendication phare consistant en la création d'une instance nationale de médicament, qui aura pour rôle de surveiller tous les opérateurs. Autrement dit, tout reste à faire dans ce domaine !