Oran: lancement des Journées portes ouvertes sur les Forces Navales    Arkab reçoit une délégation de l'Uniprest    Acharnement contre l'Algérie: L'extrême droite française décriée, ses arguments déconstruits par des compatriotes    Hadj 2025: Lancement de l'opération de paiement des frais à travers toutes les wilayas du pays    Agrément à la nomination du nouvel ambassadeur d'Algérie au Vietnam    Expulsion musclée" d'une délégation basque par le Makhzen : "Si on nous traite ainsi, que font-ils aux Sahraouis ?"    Formation professionnelle : des offres de formation plus adaptées aux besoins du marché du travail    Quelles sont les ingrédients d'exigences de capacités minimales ?    L'Algérie et l'UE discutent de leur coopération pour les prochaines années    Palestine occupée : des colons sionistes brûlent une mosquée à l'ouest d'Aréha    Adopter une approche moderne dans la formation et l'accompagnement    Ces médias qui mènent campagne contre l'Algérie en France    Conférence-débat jeudi prochain à Paris sur les atrocités commises en Algérie par la France coloniale    Alger : l'artiste Cheloufi présente son exposition "Koum tara"    L'Opéra d'Alger vibre au rythme des "Mélodies de l'authenticité et du patrimoine"    Ligue 1 : le MC El Bayadh prépare la phase retour à Oran    Un régime de copains et de coquins ; une putrescence qui s'étend, altérant la France et aliénant les Français ! (Partie II)    Un mort et 3 autres blessés dans un accident de la circulation à Oum Droue    Une vielle femme asphyxiée par le monoxyde de carbone    Un homme tue sa femme par strangulation à Béni Zantis    la coopération militaire et sécuritaire avec les grandes puissances, le cas de l'Otan et du dialogue méditerranéen    La Belgique réaffirme son plein soutien au processus politique de l'ONU    Ligue 1 Mobilis : le MCA veut boucler la phase aller par un nouveau succès    Les Bleus se noient à Zagreb    Le chahid Cheriet Ali-Cherif, un modèle de résistance, de défi et de loyauté envers la patrie    Ballalou met en avant les efforts de l'Etat    Industrie pharmaceutique : Ghrieb ordonne le traitement en urgence des dossiers d'investissement en suspens    Tour national de cyclisme des Ziban 2025: victoire d'Oussama-Abdallah Mimouni    Foot: l'Algérien Djamel Haimoudi nommé superviseur général de l'arbitrage en Tunisie    Garantie des Marchés publics: la CGMP a connu une "avancée très importante" en 2024    AGO de la FAF: adoption à l'unanimité des bilans moral et financier de l'exercice 2024    Journée d'étude, le 13 février à Adrar, sur les explosions nucléaires    Saihi se réunit avec les membres du syndicat SNPSSP    Pluies orageuses et chutes de grêles sur plusieurs wilayas à partir de samedi    Le rôle des jeunes dans le développement des régions frontalières souligné    Signature d'un protocole de coopération en matière de formation policière        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les Algériens entre sommeil, marché et soirées
Chronique d'une journée de jeûne
Publié dans Liberté le 07 - 08 - 2011

La matinée s'étire paresseusement. Le soleil dardait à plomb ses rayons poudreux depuis plusieurs heures déjà, et le parking du quartier, d'ordinaire si vide, reste empli.
Un petit groupuscule d'adolescents, visiblement sans perspective, mais jovial à souhait, se relaie pour une partie de billard autour d'une table installée à l'ombre de l'unique grand arbre qui y végète. Le quartier n'est pas encore tiré de son sommeil, ni gagné par le bruit des journées d'automne. Seuls deux vendeurs à la criée, aux “accents de province”, l'un proposant des sardines et l'autre un troc de vieux meubles brisaient le silence de cette chaude matinée. En ce mercredi, troisième jour de Ramadhan, à Bab-Ezzouar à l'est d'Alger, le temps est comme suspendu. Très peu de gens dehors. Les magasins sont pour la plupart fermés.
Hormis les pharmacies, deux ou trois quincailleries et quelques librairies et magasins de prêt-à-porter, le reste donnant l'air d'avoir mis la clé sous le paillasson. Sur les routes, d'habitude encombrées, la circulation est très fluide. D'un geste mécanique, l'air flemmard, les policiers postés aux carrefours, chargés de filtrer les véhicules, font signe aux automobilistes de poursuivre leur chemin. Même les marchés, pris d'assaut en d'autres circonstances, ne connaissent pas encore la frénésie.
Sur la grand'rue qui conduit à l'autoroute, quelques vendeurs de gâteaux orientaux, très prisés par les consommateurs durant le Ramadhan, proposent leurs marchandises aux rares passants que vient de “déverser” le tramway, objet de toutes les curiosités il y a à peine quelques semaines, mais qui, aujourd'hui, traverse la ville dans l'indifférence. Sur l'autoroute appréhendée pourtant par les automobilistes pour les embouteillages monstres qu'elle connaît régulièrement, la circulation est aussi très fluide. Pas plus de dix minutes suffisent pour gagner le centre de la capitale. Le “check-point” qui d'ordinaire agace nombre d'automobilistes est allégé.
Les policiers n'ont d'yeux désormais que pour les camionnettes qu'on fouille minutieusement. Le risque d'une infiltration terroriste est toujours redouté.
L'irrésistible attrait du marché
À Alger qui, de coutume, fourmille de monde, les rues sont affreusement vides. Seuls deux endroits en fin de matinée commencent à recevoir les premiers visiteurs : les marchés et les mosquées. Dans les uns, on implore les marchands, dans les autres Dieu. Au marché Clausel ou encore à Ali-Mellah, le négoce peut bientôt commencer. Tout se vend. De la galette “faite maison”, aux jus en sachet, en passant par la vaisselle en vrac, l'endroit est achalandé. Bien entendu, ce sont les fruits et légumes qui cristallisent la demande, notamment de la part de la gent féminine.
On spécule, on vitupère, on marmonne et on grogne. L'heure est aux bonnes affaires car bientôt le début des préparatifs du festin du soir. Au fil du temps, les marchés deviennent une véritable fourmilière. Il faut dire que contrairement aux années précédentes, la plupart des gens ont préféré prendre leur congé au mois de Ramadhan. “L'entreprise nous a demandé de choisir entre juillet et août, et j'ai préféré prendre mon congé ce mois-ci”, affirme Ali, cadre d'une entreprise publique. Ses vacances ? Il les partage entre les longs sommes, les patrouilles dans les marchés et les parties de belote le soir. Même ceux qui n'ont pas eu la chance d'un congé travaillent au ralenti et n'hésitent pas à “voler” quelques minutes pour aller humer les effluves des épices dans les marchés. Témoignage de Ratiba : “Je m'ennuie beaucoup au boulot. On passe le plus clair de notre temps sur facebook. Au marché, on ne sent pas le temps passer”, affirme cette jeune fille, employée d'une boîte privée. Il est 18h et l'heure de la délivrance approche. Sur les routes, la course à l'arrivée est engagée. On klaxonne, on insulte et parfois même, ne vous étonnez pas de voir des bras d'honneur sortir d'une fenêtre de voiture.
À l'entrée des immeubles et dans certains jardins, des groupuscules de jeunes ou de vieux s'égarent dans des palabres en attendant l'appel du muezzin. Quant aux “restaurants du cœur” et autres cafés, on s'affaire à apporter les dernières retouches aux préparatifs. À l'heure du f'tour, Alger se vide. Devient fantomatique. Elle est même “colonisable”. Seuls les policiers, tenus par le travail postés, sont encore dehors et attendent fiévreusement l'arrivée de la pitance.
Il faut attendre une demi-heure pour voir enfin la ville retrouver des couleurs. Repus, les gens se montrent aimables et retrouvent le sourire. Les terrasses des cafés sont bientôt prises d'assaut et les ruelles envahies. L'interdit du jour devient licite la nuit. On boit sans trêve et on importune les filles. À Bab El-Oued, les plus téméraires préfèrent piquer allégrement une tête dans la mer, sous les projecteurs, en dépit des mises en garde de la Protection civile. Sur l'esplanade qui surplombe la plage El-Kettani, des familles entières y affluent, par groupes, pour humer l'air frais marin.
Tandis que les enfants s'amusaient aux courses-poursuites, les plus âgés s'attablaient pour déguster qui une glace, qui un café. Flairant le coup, certains jeunes ne ratent pas l'aubaine pour faire quelques bonnes affaires. On vend des jouets et même du thé labélisé “du Sahara”. Et tout le monde semble trouver son compte. Au célèbre café “Malakoff”, où le gratin du châabi, du défunt Hadj El-Anka à El-Ankis en passant par feu Guerrouabi y a laissé son empreinte, toutes les tables sont occupées. Le tenancier, visiblement ravi de l'affluence, distribue les sourires et les bons mots.
Non loin de là, discrètement, les policiers veillent à la sérénité du “peuple”. La nuit s'étire et les gens refusent de céder aux avances de Morphée. Dans certains quartiers, les parties de dominos aux bas des immeubles sont interminables. Demain on dormira encore. Un autre jour de jeûne. Pour le travail ! Le pays peut attendre la rentrée…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.