Un va-et-vient incessant et continu entre le profond et le profane, la tradition et la modernité, le vaporeux et le spirituel, l'aérien et le délicat. Lorsqu'on écrit sur un concert de musique, on dit souvent que le temps s'était suspendu, que les humains ont communié et que les âmes ont plané sous la nuit sublime. On ne vous dira pas cela... même si c'est vrai ! Gaâda Diwane Béchar mérite beaucoup mieux ! On commencera par le début de la soirée, et le nombre impressionnant de personnes qui ont fait le déplacement, avant-hier soir, à Khaïmatkoum chez Djezzy (grand chapiteau à l'hôtel Hilton). Ils étaient plus de 2 000 personnes à s'être déplacées massivement pour se délecter et se déchaîner, surtout sur les airs de Gaâda Diwane Béchar puisés dans la pure tradition, et influencés par les styles plus ou moins modernes. C'est aux environs de 23h30 que les membres de Gaâda Diwane Béchar ont rejoint la scène, avec deux nouvelles recrues : le batteur Abdelhak et le bassiste Billel, et en l'absence de la “Sirène des dunes”, Aïcha Lebgae, “prise par des engagements personnels”. Mais Tayeb et Abdelaâti Laoufi étaient là, et la communion a eu lieu. Les amoureux du gnaoui, les fans de Tagnaouite, “S'hab el hal”, et les amateurs de Gaâda Diwane Béchar se sont donnés le mot et ont répondu à l'invitation de cette formation musicale, par des danses endiablées, des applaudissements nourris, et surtout, en reprenant les refrains en chœur. Tout le monde était gnaoui ce soir-là. L'ambiance qui régnait au sein de la kheïma était bouillante, brûlante, embrasée, enflammée. Au sommet de leur art, et avec le talent pour seul bagage, les membres de Gaâda Diwane Béchar ont repris leurs plus beaux titres, qu'on connaissait déjà certes, mais qui nous inspirent tout sauf de la lassitude. Le groupe a entamé son tour de chant par “Dib el ghaba”, une chanson peu rythmée ; une manière de souhaiter la bienvenue aux spectateurs en les installant dans l'esprit de la soirée. Puis, sans transition, place à l'exaltation et l'exultation avec le titre “Amin, amin”. La scène, à ce moment-là, a été envahie par la foule. Une véritable marée humaine qui a investi tout l'espace de la kheïma, pour ne jamais plus le quitter. Tayeb, M'hamed et Abdelaâti enchaîneront ensuite avec “Jit nzour” et la reprise de Nass El Ghiwane, “Soubhan Allah” (entamée par le sublime istikhbar qui l'accompagne), “Baba Hamouda”, “Gourara”, “Rah El Lil”, et bien évidemment l'incontournable “Ben Bouziane” (retravaillé par le groupe avec trois variations). Ce qui est intéressant avec Gaâda Diwane Béchar c'est qu'ils n'hésitent pas à procéder à des istikhbar, faisant ainsi languir les spectateurs, et ce pour mieux les enflammer. Vers la fin du show, le groupe rendra hommage, en musique, au maître de la chanson sahraouie, cheikh Khelifi Ahmed, en reprenant sa sublime “Galbi Tfeker orban rahala”. Avec ce concert, Gaâda Diwane Béchar a oscillé entre la tradition diwane algérienne, et celle occidentale, plus moderne — aux origines plus ou moins proches des nôtres — à l'exemple du blues et du jazz. L'adresse et l'ingéniosité n'ont pas manqué à la formation qui a proposé un va-et-vient incessant et continu entre le profond et le profane, la tradition et la modernité, le vaporeux et le spirituel, l'aérien et le délicat. Du pur folklore (au sens noble du terme). Après plus d'une année d'absence, Gaâda Diwane Béchar retrouve la scène algéroise, et c'était un retour fracassant. Avec beaucoup de bruit !