Les redresseurs du FLN ont répliqué avec une rare véhémence aux déclarations faites, lors de la session extraordinaire du Comité central du parti, par Abdelaziz Belkhadem. Démontant les propos et argumentaire du SG du FLN dans un long communiqué signé par le coordinateur du mouvement, M. Salah Goudjil, les redresseurs reprennent les points évoqués avant d'apporter leur version des faits, liés principalement au contenu des deux entrevues entre les deux hommes. Regrettant la divulgation des informations concernant les deux rencontres, le mouvement de redressement déplore “ce comportement qui n'est plus étranger à l'homme dénué de sincérité pour affronter les problèmes, incapable d'assumer toute sa responsabilité pour régler la crise”. Ses déclarations, loin d'être sur la voie de la solution de la crise, sont, selon le communiqué, une manœuvre, une fuite en avant pour gagner du temps… elles dépassent l'éthique et principes du parti qui “expriment avec force les aspirations du peuple à la liberté, la démocratie et la justice sociale”, regrettant par là “ce qu'aucun autre responsable n'a affirmé, accusant le peuple de non habilité à l'exercice de la démocratie ou des autres formations politiques de structures sans âme”. Cette réaction “intempestive”, justifient les redresseurs, est motivée par les accusations de Belkhadem, quand bien même ils demeurent, disent-ils, favorables au dialogue. Les réponses suivent l'ordre des accusations. D'emblée, les redresseurs rappellent à Belkhadem, qui a souligné que “rien ne se fera en dehors des structures du parti”, que c'est la composante du Comité central qui est en cause. Pis, “cette composante a été décidée par lui avec quatre autres personnes en dehors de la commission des candidatures du 9e congrès qui n'a eu à étudier aucun dossier”. Et rendant coup pour coup, Salah Goudjil récuse les propos de Belkhadem au sujet de la liste des “indus” membres du CC. “Le rôle du mouvement se limite à alerter pour ce qui risque d'arriver comme dépassements graves aux statuts du parti qui est le dénominateur commun de tous les militants. Le SG peut user de ses moyens et prérogatives que lui offrent ces mêmes statuts pour mettre fin aux dérives.” Et par rapport au comité mixte, Goudjil précise que Belkhadem lui a demandé de le former lui-même. Ce qu'il a refusé. Il a déploré que ce qui s'est dit en restreint soit divulgué. Par ailleurs, il a souligné que le SG était (paraît) d'accord avec les propositions des redresseurs et que le seul point de discorde est dans la participation des redresseurs au CC et que ces derniers refusent sans son assainissement. “Pourquoi ne veux-tu pas venir alors que toi et moi avons la majorité au CC ?” a été l'argument de Belkhadem pour convaincre Goudjil de revenir au CC. Une reconnaissance, selon lui, de la division en deux camps du CC. Aussi remet-il en cause “le scénario” de la salle remplie “d'applaudisseurs” ramenés spécialement pour cette mission, eux qui n'ont rien à voir avec les instances du parti. Il dénonce, également, son affirmation sur l'absence de projet de société dans le mouvement de redressement, lui rappelant au passage la résolution du 9e congrès relative à la relation entre le FLN et le message et la déclaration de novembre qui a été abandonnée. De même que les membres de la famille révolutionnaire, les redresseurs promettent de divulguer la liste des marginalisés et remplacés afin de mettre en branle sa stratégie future qui est sa candidature pour la présidentielle de 2014. Il en est de même, et pour preuve, l'évocation de Kasdi Merbah par Belkhadem pour illustrer l'échec de ceux qui quittent le FLN, les redresseurs lui rappelant son sacrifice comme tant d'autres Patriotes pour que la paix revienne dans le pays. Ils considèrent, par ailleurs, que sa déclaration sur l'éventualité de présentation de listes électorales de redresseurs en indépendants ou sous d'autres couleurs est faite pour déstabiliser les rangs du mouvement, précisant qu'ils tiennent au FLN, en s'abstenant de dire comme Belkhadem que “rien ne peut se faire dans le pays sans le FLN”. Même reproche au sujet des propositions du parti pour la commission Bensalah dont les questions de la nature du régime et le nombre de mandats présidentiels n'ont pas été tranchés. Il semble, soupçonne Goudjil, que le SG a déjà tranché ces questions. Et pour le rajeunissement, les redresseurs proposent de ramener la moyenne d'âge maximale des candidats à 40 ans. Quant au silence de Belkhadem sur les propositions du mouvement, c'est “une nouvelle erreur qui s'ajoute aux autres” qui ont fait du parti “un objet de moquerie et de risée dans certains milieux”. Goudjil appelle, enfin, dans le communiqué, les militants du mouvement et les sympathisants à plus de vigilance et de patience, sachant que “les causes justes” finissent par la victoire. Ainsi, l'échange par presse interposée, entre les redresseurs et la direction du FLN, ne semble pas près de se terminer dans la mesure où chacune des parties campe sur ses positions et la proximité des élections de 2012 ne permet qu'une “pause” transitoire dans le cas d'un accord.