Finalement, ces dix dernières années auront été celles où la stratégie industrielle a connu le plus de tergiversations de la part des responsables, chacun tirant de son côté jusqu'à éreinter le plus coriace des gestionnaires. Ces derniers jours, on assiste à une véritable guerre des chiffres qui fusent tous azimuts de différentes sources officielles qui travaillent toutes sur un seul programme : celui du Président. Alors, pourquoi ce désordre ou, peut-être, cette sortie en tir groupé ? Aussitôt sorti de son oral avec le Président, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement laisse entendre, par une déclaration à la télévision, que l'Etat a décidé de revenir à la gouvernance des années 70-80, celles du socialisme donc. L'Etat reprendrait par conséquent ses fonctions de propriétaire, investisseur et producteur. Du jamais vu. Surtout quand l'argument développé, selon lequel des EPE ont été fermées parce que l'Etat n'avait pas les moyens de les “entretenir”, ne tient pas la route. Le délestage des entreprises publiques avait obéi à une politique durant l'ère des réformateurs puis le processus s'est poursuivi le plus normalement, même durant le premier mandat du président Bouteflika. C'est ce même Etat qui a décidé d'entamer un processus de privatisation et d'ouverture du capital bien que les mentalités n'aient pas suivi. Où sont les 13 champions tant chantés par le ministre Temmar ? Quel sort sera réservé aux pôles régionaux industriels tracés et arrêtés par des bureaux d'études étrangers ? À relever aussi qu'au cours de l'audition de M. Benmeradi, le Président n'a pas eu un mot en direction du secteur privé qui représente une part non négligeable dans la création de richesses et d'emplois. Finalement, ces dix dernières années auront été celles où la stratégie industrielle a connu le plus de tergiversations de la part des responsables, chacun tirant de son côté jusqu'à éreinter le plus coriace des gestionnaires, qu'il soit du public ou du privé. À chaque situation, un discours diamétralement opposé au précédent, et cela dans la quiétude et l'indifférence des élus nationaux, toujours prêts à obtempérer. Sinon, comment expliquer que cette nouvelle annonce de changement de cap n'ait encore fait réagir personne ? La Constitution reconnaît et garantit la liberté d'entreprendre mais c'est à croire que cette volonté, pourtant affichée et transcrite, ne reste qu'un slogan que la réalité a vidé de son contenu. Pour preuve, l'Algérie reste le seul pays au monde, avec la Corée du Nord, où l'Etat gère encore des hôtels et où il faut une autorisation pour investir ! O. A. [email protected]