Il s'agit du deuxième volet de sourate El Forqane, composée en une symétrie opposant comme on l'a déjà vu dix comportements de mécréants hostiles à la Révélation du Coran et dix comportements exemplaires des gens du Miséricordieux, qui, eux, ont répondu favorablement à l'appel du Prophète (QSSSL). Sourate El Forqane, la quarantième révélée dans l'ordre chronologique, ce qui correspondant à la moitié du Coran révélé à la Mecque, nous retrace cette première partie de la Révélation qui avait été marquée par l'évolution des rapports de force entre les Koraïchites et le Prophète (QSSSL). Dans son commentaire, Cheikh Hanbaka fait remarquer que cette sourate intervient à une étape cruciale et importante dans la période mecquoise. Ce n'est plus Mohammed, l'homme analphabète, seul et sans soutien, proie facile aux attaques et autres railleries menées individuellement comme du temps de Abi Jahl et Ibn El Moughira. La lutte est montée d'un cran en opposant désormais deux clans : les mécréants d'un côté, dirigés et conseillés par les chefs et les riches dignitaires koraïchites et le groupe des premiers croyants, à leur tête le Prophète (QSSSL) qui s'affirment de plus en plus sur la place publique, de l'autre. Nous avons vu les attaques en règle des mécréants dans le premier volet. Dans le second, nous allons exposer l'attitude des compagnons diamétralement opposée, un noyau qui a été formée à l'école du Prophète (QSSSL) dans les années les plus difficiles de la Révélation et qui va faire parler de lui en donnant l'exemple de soumission, d'adoration et d'attachement à de hautes valeurs humaines. — Premier comportement : humilité et cordialité (V .63) _ Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur terre et qui disent “Paix ! lorsque les ignorants leur adresse la parole.” — Deuxième comportement : l'adoration et la piété (V.64) “Ceux qui passent leur nuit devant leur Seigneur en étant prosternés et priant debout !” — Troisième comportement : la crainte de la punition de Dieu (65-66) “Ceux qui disent : Préserve-nous, Seigneur, du châtiment de la Géhenne !…” — Quatrième comportement : “ni prodigues ni avares !” (67) “Ceux qui, lorsqu'ils dépensent, ne se montrent ni prodigues ni avares car entre eux il y a ces deux extrêmes, une droiture.” — Cinquième, sixième et septième comportements : pas d'association, pas d'assassinat d'âme innocente et pas de fornication (68-71) “Ceux qui n'invoquent aucune divinité à côté de Dieu, qui ne tuent pas l'âme que Dieu a déclarée sacrée (…), et qui ne forniquent pas (…). Quiconque s'amende et accomplit une bonne œuvre d'une repentance que Dieu agrée.” — Huitième comportement : pas de faux témoignage (72) “Ceux qui ne portent pas de faux témoignages et qui, lorsqu'ils passent devant ce qui est frivole, s'en éloignent fièrement.” — Neuvième comportement : Pas sourd et aveugle à l'écoute du Coran (73) “Ceux qui, lorsqu'on leur rappelle des versets de leur Seigneur, ne deviennent ni sourds ni aveugles.” — Dixième et dernier comportement : la famille (74-77) “Ceux qui disent : Seigneur, accorde-nous le plaisir des yeux en nos épouses et en nos descendants et fais de nous des guides pour les pieux !…” En voici donc le deuxième volet de la symétrie et les dix comportements qui caractérisent les gens du Miséricordieux. À comparer avec ceux des mécréants, y compris les chefs, dont la cité est devenue invivable par les vices, l'injustice, la méchanceté et la corruption de toute sorte. Face aux attaques en règle des mécréants contre le Prophète (QSSSL), pour nuire à la Révélation et détourner les gens de la nouvelle religion, le Miséricordieux a apporté la bonne réponse et avec la bonne manière tant dans la forme que dans le fond. Dans la forme, sourate El Forqane demeure avec sa jolie symétrie de dix comportements hostiles des mécréants opposés à dix comportements des compagnons, pleine de valeur et d'éthique, un modèle de communication et de rappel. Ainsi présentée, elle devient accessible à tous et facile à se rappeler y compris dans les langues d'interprétation. Dans le fond, elle demeure un hymne pour le rappel en enseignant les valeurs de miséricorde, de dialogue, de l'art, de la science et de tolérance. Comme son nom l'indique, celle qui sépare le juste du faux, le guidé de l'égaré et le bon du mauvais. En ce mois de Ramadhan, le mois du Coran et du jeûne, elle mérite bien une visite et une méditation sans être ni sourd ni aveugle à la manière des compagnons de la première heure. (A suivre) S. B. Email : [email protected]