On a l'habitude ancrée de lire et de réciter le Coran par cœur dans l'espoir d'engranger des hassanète et de le comprendre après grâce aux exercices de rappel et de récitation. Ce sont les lectures dites courantes. Le Coran se lit intelligemment aussi grâce aux méthodes de lecture pour ceux qui méditent. On a vu l'exemple de traitement donné en partie par cheikh Hanbaka pour sourate El Fourkane, à la laquelle nous avons ajouté une petite retouche en s'inspirant de certains exégèses et penseurs sur l'existence de schémas de lecture basés sur des symétries. Nous allons donner un autre exemple, celui de sourate Youssef, en arrivant à la conclusion que le meilleur des récits est écrit de la meilleure des façons avec un schéma de lecture frappant. L'un des grands auteurs en méthodologie qui s'était intéressé à cette sourate est Malek Bennabi. C'était lui qui m'avait donné, tout au début des années 1970, en découvrant le phénomène coranique, un ouvrage traitant de l'analyse comparative entre les écrits coraniques et ceux de la Bible en prenant comme cas cette sourate, plus de goût à comprendre sa structure, ce qui me permettra plus tard d'écrire à mon tour un livre sur la sourate en mettant en exergue son schéma de lecture en essayant de le raffiner davantage au plan structurel et de le porter à l'écran, bien en avant celui plein de fiction réalisés par les Iraniens. Le nôtre était surtout pédagogique en étant strictement fidèle à la sourate. Il nous a été déjà donné l'occasion de présenter brièvement cet ouvrage sur le récit de Sidna Youssef, édité dans le cadre de l'année de l'Algérie en France en 2002, avec l'aide de mes amis Toudert et Achour qui présidaient la commission de lecture à cette époque, et auxquels je rends toujours hommage. Sans leur concours précieux, l'ouvrage n'aurait pas vu le jour à temps. La grande baraka était venue après. Comme l'appétit vient en mangeant, d'un écrit original d'analyse structurelle de sourate Youssef de 128 pages, naquit juste après un scénario de plus de 300 pages qui avait servi à la réalisation du feuilleton de 30 épisodes de 13 minutes chacun. L'œuvre est de l'ENTV qui avait accepté de prendre en charge sa réalisation qui avait été confiée à Smaïl Yazid qui dirige la boîte AV2M, connue pour avoir déjà produit l'émission religieuse Ahkem Ramadhan. Le produit fut d'excellente qualité en étant diffusé durant 2003 par les trois chaînes algériennes.. Quelle mouche m'avait piqué en optant pour le scénario dans un domaine spécialisé en investissant pour la première fois l'audio-visuel ? En un mot, c'est la méthode qui m'avait permis de découvrir le scénario tout fait, en vérité par Allah, pour ensuite le proposer à la réalisation. C'est pour cela je suis redevable à ceux qui m'en avaient donné l'inspiration dont en particulier l'écrit de Malek Bennabi. Le madih de Rabah Derriassa Je ne suis le seul à être inspiré. Le chanteur du bédoui, mais néanmoins grand artiste, homme de culture et poète, Rabah Derriassa, a lui aussi été tout naturellement attiré par cette sourate en la résumant fidèlement et avec dextérité dans un long kacid, très prisé des Algériens en étant amoureux du récit et de sourate sidna Youssef. C'est lui-même qui m'en a parlé. C'est ce kacid que chante maintenant nombre de chanteurs du madih. D'un coup d'essai, ce fut la grande réussite, non seulement pour moi, mais pour le réalisateur et toute la jeune équipe d'acteurs et de techniciens qui avaient su relever le défi en obtenant à la grande surprise le deuxième prix de la meilleure production télévisée pour les programmes religieux au Festival panarabe de Manama durant le courant de l'année 2003 . Concrètement, le téléspectateur est invité à suivre le récit de Sidna Youssef à travers 27 scènes qui le composent, auxquelles il faut ajouter l'introduction pour annoncer le récit et la conclusion pour tirer la leçon, en s'inspirant d'une lecture structurelle de sourate Youssef. Elle se lit comme sur une autoroute de la communication, en étant balisée de bout en bout. Qu'on en juge : On peut la résumer en deux parties : -dans la première, le jeune prophète a été éprouvé par les épreuves difficiles au nombre de quatre et il a patienté en luttant contre le mauvais sort, que nous exposons ici. -dans la seconde que nous exposerons après, il a été éprouvé par l'aisance à travers les quatre voyages des frères et les allers-retours et il a su garder la tête sur les épaules en étant juste et équitable. En même temps qu'on suit le récit, on apprend la sourate. Mais c'est magnifique. Il suffit d'y penser. On a : -Une symétrie entre les épreuves par les difficultés et celles par l'aisance - Une introduction annonçant le meilleur des récits (01-03) : 1ère partie : les épreuves par les difficultés au nombre de quatre : - Première étape: le passage du domicile paternel au domicile de l'intendant du roi en six scènes (04-22) : 1. Le songe du petit Youssef, (04-06), 2. le calcul des frères, (07-10) 3. leur ruse pour tromper leur père (11-14) 4. Youssef mis dans un puits (15-18), 5. la caravane sauve le jeune Youssef (19-20) 6. Youssef qui atterrit esclave chez l'intendant.(21-22) - Deuxième étape : la tentation des femmes avec quatre scènes : (23-35) 1. La femme de l'intendant, ébloui par sa beauté veut tenter le jeune Youssef qui résiste, (23-24) 2. un témoin blanchit Youssef, (25-29) 3. les femmes de la cour piégées par Zoulikha (30-32) 4. Youssef préfère la prison à la tentation. (33-35) - Troisième étape : la prison (une seule scène) : (36-42) Youssef interprète le songe de ses deux compagnons. - Quatrième et dernière étape : l'interprétation du songe du roi avec quatre scènes (43-57) 1. Le songe du roi : l'échec des voyants (43-45) 2. La réussite de Youssef (46-49) 3. Les femmes reconnaissent leur tort et blanchissent Youssef (50-53) 4. Le roi accueille Youssef qui devient intendant (54-57) Ce fut donc la grande délivrance avec cette dernière scène et sa victoire sur les femmes et les voyants. Commence alors une autre partie aussi palpitante, mais dans l'aisance cette fois-ci. On est loin des récitations ennuyeuses et sans beaucoup de saveur. Dieu aime et encourage les récitants qui méditent. (À suivre) S. .B Email : [email protected]